Médecins en rébellion jusqu’à nouvel Ordre
Quatre praticiens nantais sont jugés pour leur refus de payer la cotisation obligatoire à l’Ordre des médecins. L’estimant archaïque, corporatiste, patriarcal et opaque, ils appellent à sa dissolution.
dans l’hebdo N° 1731 Acheter ce numéro

Guillaume Getz fait l’inventaire des pièces de son dossier de contentieux : les multiples lettres de relance de l’Ordre des médecins, six commandements envoyés par un cabinet de recouvrement et, enfin, une injonction à payer délivrée par le tribunal et remise par huissier.
Le jeune médecin, installé dans la région nantaise en 2015, refuse depuis 2020 de verser sa cotisation annuelle (335 euros) au conseil départemental de l’Ordre des médecins du département de Loire-Atlantique. L’organe a saisi la justice, et Guillaume Getz est convoqué au tribunal le 15 novembre, comme trois autres de ses collègues de Nantes pour le même motif ; ils sont tous membres du petit Syndicat de la médecine générale (SMG).
D’autres praticiens, en Ariège ou dans le Maine-et-Loire, en sont également à l’étape judiciaire de leur contestation. « Je suis prêt à payer quelques centaines d’euros au bout du parcours. Ce n’est pas une question d’argent, mais une manière de protester contre un organe dont nous demandons la dissolution en raison de ses dysfonctionnements et de ses prises de position », explique le médecin.
Le 15, il sera accompagné par Adrien Rousselle, François Meuret ainsi que par Marie Kayser, retraitée depuis dix ans et figure historique de la contestation de l’Ordre des médecins. Sa militance date de l’espoir déçu de voir François Mitterrand tenir un jour la promesse faite en 1981 de le supprimer. « Il a renoncé, face au lobby de la profession. »
Ereinté par la Cour des comptesAvec d’autres médecins, Marie Kayser démarre alors une grève de la cotisation. Le tribunal leur donnera tort. Depuis, elle fait partie d’une petite cohorte de médecins qui traînent systématiquement des pieds à l’heure de faire le chèque. « J’attendais l’imminence du procès, puis je finissais par payer », pour rester inscrite au « tableau », liste des médecins autorisés à exercer, ce qui lui permet de continuer à prescrire, pour elle et ses proches, mais aussi à assurer un recours médical militant, comme lors des actions de contestation du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes.
Fin 2019, la flamme de sa rébellion se réactive vigoureusement, avec la publication d’un rapport de la Cour des comptes
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