« Pour un temps sois peu » de Laurène Marx : sois trans et parle
Relatant un parcours de transition, le spectacle donne le pouvoir à celles et ceux qui ne l’ont pas.
dans l’hebdo N° 1732 Acheter ce numéro

Lorsqu’elle traverse le plateau du Théâtre de Belleville pour rejoindre le micro sur pied dressé en son bord, Laurène Marx crée un doute, une hésitation. Si, en se dirigeant vers cet unique objet présent sur la scène nue, l’autrice de la pièce semble sur le point d’entamer un stand-up, quelque chose dans son attitude nous avertit que ce n’est pas le cas, ou pas tout à fait.
C’est comme une ombre, non seulement dans son regard, mais aussi dans tout son corps, malgré le haut multicolore qu’elle porte avec un pantalon de jogging noir et tous ses colliers, toutes ses bagues qui scintillent comme des appels à la légèreté et à la joie.
Le titre du spectacle, Pour un temps sois peu, n’est pas pour rien dans l’intuition que ce qui va se passer là est à l’opposé du divertissement. Laurène Marx nous emmène en effet du côté d’une vérité qui n’est pas facile à dire, car elle n’est jamais énoncée ou alors rarement, du moins par les personnes concernées : les trans, les non-binaires.
« Ça marche pas exactement comme tu as pu te dire que ça marchait. C’est même assez différent. Comment je sais que ce que tu penses est différent de la réalité, alors que j’ai même pas encore dit de quoi j’allais parler ? »
Une écriture très orale, pleine d’un humour qui claque façon uppercut.Il vous suffit de vous inscrire à notre newsletter hebdomadaire :
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