Annie Ernaux : « Je suis la récipiendaire d’un Nobel collectif »
Ce 10 décembre, l’écrivaine prononce son discours du prix Nobel de littérature à Stockholm. Et dans quelques jours sortira sur les écrans Les Années super 8, le film réalisé avec son fils. D’excellentes raisons d’aller rencontrer de nouveau cette année l’une des très grandes autrices contemporaines.
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© Olivier Roller
Vous allez prononcer votre discours de récipiendaire du prix Nobel de littérature le 10 décembre. Vous avez annoncé qu’il serait « engagé », ce qui n’est pas fait pour nous surprendre. Mais, par ailleurs, êtes-vous à l’aise avec cette institutionnalisation ?
Annie Ernaux : Pas vraiment. Je ressens une sorte d’enfermement qui n’est pas du tout agréable, et dont j’espère me débarrasser une fois le discours prononcé. En outre, il y a tout un protocole à respecter : les invités, le costume, les robes longues obligatoires pour les femmes… Je découvre ce rituel qui me paraît d’un autre âge.
C’est une chose à laquelle je n’avais jamais pensé. Parce que je n’avais jamais imaginé qu’un jour le Nobel me serait attribué. J’ai obtenu quelque chose d’immense que je n’ai jamais désiré. J’affronte cet événement avec ce que je suis, d’une manière non conventionnelle, parce que je ne sais pas me glisser dans les conventions. Dans mon discours, je vais essayer de faire passer ce qui est au cœur de mon travail d’écriture.
Obtenir le prix Nobel de littérature, c’est-à-dire la consécration la plus importante qui soit, n’est-ce pas le plus grand écart possible avec son milieu d’origine pour une transclasse ?
Le prix Nobel est une institution et, en tant que telle, elle n’échappe pas aux déterminations sociales. Concernant le Nobel, celles-ci se rapprocheraient davantage de l’aristocratie que de la bourgeoisie. Mais, au risque de me contredire, je dirais tout de même que le prix Nobel transcende les classes.
Est-ce la dimension universelle du prix qui vous fait dire cela ?
Oui, il y a une universalité dans le Nobel qui me
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