Farouk Mardam-Bey : les livres pour patrie
L’homme a deux actualités : la collection Sindbad, qu’il dirige chez Actes Sud, a 50 ans. Et il a codirigé Syrie, le pays brûlé. Le livre noir des Assad. Deux bonnes occasions pour rencontrer ce grand éditeur de littérature arabe.
dans l’hebdo N° 1736 - 1738 Acheter ce numéro

Ils sont tous les deux sur la photo, qui date de 1992 : Pierre Bernard et Farouk Mardam-Bey, au Salon euro-arabe du livre. Le premier, fondateur des éditions Sindbad en 1972, fut le valeureux introducteur en France de la littérature arabe, classique et contemporaine. Le second lui a succédé et est aujourd’hui « Monsieur » littérature arabe, l’homme qui, la publiant, la connaît en profondeur, en sait toutes les évolutions présentes, au Maghreb comme au Proche-Orient. Cette photographie figure dans le fascicule (disponible en librairie) publié par les éditions Actes Sud à l’occasion des cinquante ans de Sindbad.
Dirigée par Farouk Mardam-Bey depuis 1995, date de son rachat par la maison arlésienne après le décès de Pierre Bernard, la collection Sindbad a aujourd’hui un catalogue prestigieux de textes arabes et sur le monde arabe. Parmi les nombreux auteurs publiés : Mahmoud Darwich, Elias Khoury, Hoda Barakat, Sonallah Ibrahim, Elias Sanbar, Samir Kassir ou Jabbour Douhaiyi, pour ne citer qu’eux.
Farouk Mardam-Bey a une double actualité. Avec trois autres auteurs, Catherine Coquio (1), professeure de littérature comparée à l’université Paris-Diderot, Joël Hubrecht, juriste, et Naïla Mansour, journaliste, il a dirigé un ouvrage essentiel, Syrie, le pays brûlé. Le livre noir des Assad (1970-2021), édité au Seuil. « Ce livre noir retrace la mise à mort d’un peuple et de son élan de liberté. »
Tel est l’incipit de ce gros volume, qui documente et analyse, via moult documents et témoignages, l’entreprise de destruction mise en œuvre par Bachar Al-Assad, avec le soutien de la Russie et de l’Iran, pour réprimer le « large mouvement insurrectionnel, pacifique et non armé » né en 2011. Retrouver Farouk Mardam-Bey participant à ce travail n’a rien d’étonnant.
Outre ses multiples compétences et son intime connaissance de la langue arabe, il est lui-même syrien. En exil depuis longtemps. Mais, « à partir de mars 2011, la Syrie a été mon obsession
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