Cimaises insoumises
À Montpellier, une exposition très dense et originale met en lumière trois expériences muséales mobilisant l’art contre la violence – du Chili à la Palestine en passant par l’ex-Yougoslavie.
dans l’hebdo N° 1740 Acheter ce numéro

© ADAGP / Nabil Boutros.
Une structure d’envergure est apparue récemment dans le paysage culturel montpelliérain. Baptisée MoCo (abréviation de Montpellier contemporain), cette nouvelle entité regroupe trois lieux réunis pour agir en synergie : le MoCo Esba (École supérieure des beaux-arts de Montpellier), le MoCo Panacée (centre d’art contemporain dévolu aux formes les plus prospectives) et le MoCo lui-même (musée sans fonds permanent destiné à accueillir de grandes expositions temporaires, thématiques ou monographiques).
Aménagé dans un imposant ancien hôtel particulier, tout proche de la gare, ce dernier a ouvert ses portes au public en 2019. On peut y voir actuellement « Musées en exil », une passionnante exposition qui aborde la puissance symbolique de l’art en cas de conflit. Les deux commissaires, Vincent Honoré et Pauline Faure, l’ont élaborée en prenant comme point de départ le Musée international de la résistance Salvador-Allende (Mirsa).
À l’instigation du critique d’art brésilien Mário Pedrosa, alors exilé au Chili, l’idée d’un musée de la solidarité a vu le jour en 1971 afin d’apporter une forme de soutien artistique au gouvernement de Salvador Allende, élu président du Chili en novembre 1970. Ayant entraîné le renversement et la mort d’Allende, le coup d’État militaire du 11 septembre 1973 a également torpillé ce musée (sans lieu attitré), qui avait déjà pu rassembler plus de 700 œuvres, offertes par des artistes du monde entier.
À partir de 1975, en réaction à la dictature imposée par le général Pinochet, s’est développé le Musée international de la résistance Salvador-Allende. Alimenté via des réseaux de soutien très actifs dans divers pays, avec son secrétariat général à Paris, il avait pour but d’obtenir gracieusement des œuvres d’art témoignant de la barbarie totalitaire, célébrant la liberté ou rendant hommage à Allende.
Collection nomadeEn 1990, le rétablissement de la démocratie au Chili a mis fin au projet. Au total, le Mirsa a réussi à glaner quelque 1 300 œuvres. Durant ces quinze ans d’existence en itinérance, sa collection nomade a fait régulièrement l’objet de présentations partielles, notamment au Centre Pompidou en septembre 1983, à l’occasion d’un événement pluridisciplinaire intitulé « Chili, lorsque l’espoir s’exprime ».
Sur l’ensemble du corpus, 265 œuvres ont été offertes par des artistes – originaires d’ici et d’ailleurs, notamment d’Amérique
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