SOS racistes

Dans un long et complaisant entretien dans la revue de Michel Onfray, l’écrivain réactionnaire Michel Houellebecq s’enfonce encore davantage dans l’immondice de sa pensée islamophobe.

Sébastien Fontenelle  • 4 janvier 2023
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SOS racistes
Michel Houellebecq à la Foire aux livres de Francfort, en 2017.
© Boris Roessler / dpa / AFP.

Au mois de novembre 2022, l’écrivain réactionnaire Michel Houellebecq a accordé un – très – long et – très – complaisant entretien à l’éditocrate réactionnaire Michel Onfray, qui l’a publié dans un hors-série de sa revue réactionnaire – en l’augmentant notamment d’une contribution de l’essayiste britannique Bat Ye’or, inventrice de la fantasmagorie complotiste d’« Eurabia » (qui postule que l’Union européenne conspire pour islamiser le Vieux Continent), et d’un texte de « l’écrivain maudit (1) » Renaud Camus, réinventeur de la fantasmagorie complotiste du « grand remplacement » (qui postule que les Européen·nes seront bientôt submergé·es par une invasion étrangère, et principalement musulmane).

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Dixit la revue d’Onfray.

Dans la discipline consistant à proférer publiquement des dégueulasseries émétiques, Houellebecq n’est pas exactement un novice : on se rappelle qu’en 2001, déjà, il avait décrété que l’islam était « la religion la plus con », puis soutenu, la même année, que « l’intégrisme islamique n’était pas spécialement une dérive par rapport à l’islam du Coran ».

Dans la discipline consistant à proférer publiquement des dégueulasseries émétiques, Houellebecq n’est pas un novice.

Onze ans plus tard, profitant de la sirupeuse complicité de son hôte, il s’enfonce encore dans l’immondice, pour proclamer, parmi d’autres saloperies, que la théorie complotiste et raciste du « grand remplacement » « n’est pas une théorie », mais « un fait ».

Plus loin, il ajoute, et cela non plus ne fait pas réagir le moins du monde Onfray : « Notre seule chance de survie serait que le suprémacisme blanc devienne trendy aux USA. » Puis aussi : « Ce qu’on peut déjà constater, c’est que des gens s’arment. Ils se procurent des fusils, prennent des cours dans les stands de tir. Et ce ne sont pas des têtes brûlées. Quand des territoires entiers seront sous contrôle islamiste, je pense que des actes de résistance auront lieu. Il y aura des attentats et des fusillades dans des mosquées, dans des cafés fréquentés par les musulmans, bref des Bataclan à l’envers. »

Puis encore, après avoir donc érigé le terrorisme en « résistance », et dans un français tout approximatif : « Le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n’est pas que les musulmans s’assimilent, mais qu’ils cessent de les voler et de les agresser […]. Ou bien, autre solution, qu’ils s’en aillent. »

Saisie par tant d’infamie, la grande mosquée de Paris a porté plainte pour « provocation à la haine contre les musulmans ».

Le Figaro s’est précipité au secours d’Houellebecq, en publiant coup sur coup deux misérables tribunes.

Saisi par tant d’effronterie – où va-t-on, Jean-Edmond, si des muslims demandent l’application des lois –, Le Figaro s’est précipité au secours d’Houellebecq, en publiant coup sur coup deux misérables tribunes racontant que ce « recours aux tribunaux » constituait une « atteinte à la liberté de pensée » et une « tentative de censure ».

Ce prompt secours nous le rappelle utilement : la liberté d’expression, selon ces droites qui s’accommodent par ailleurs de mille censures bien réelles, est encore et toujours celle de lancer librement des incitations à la discrimination, à la haine ou à la violence contre des minorités qui n’en peuvent mais.

P.-S. : Bonne année quand même.

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Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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