Vidéosurveillance : comment Brest a dû capituler
Quinze caméras de voie publique seront expérimentées dans la ville bretonne. Maire depuis 2001, le socialiste François Cuillandre avait toujours refusé d’en installer. Un cas emblématique des pressions exercées par l’État sur les communes pour qu’elles s’équipent de ces outils à l’utilité débattue.
dans l’hebdo N° 1744 Acheter ce numéro

© Riccardo Milani / Hans Luca/AFP.
La cité du Ponant faisait figure d’exception dans le paysage municipal français. Une ville de plus de 100 000 habitants sans caméras sur la voie publique ? Ces outils avaient déjà fait leur apparition dans les transports en commun ou sur les bâtiments municipaux, mais nul objectif ne surveillait les rues. Le maire s’y refusait depuis son premier mandat, il y a plus de vingt ans. Pourtant, une expérimentation de quinze caméras dans le centre-ville et certains quartiers de Brest commencera d’ici au printemps prochain.
Comment la ville a-t-elle cédé ? Des commerçants excédés ; un feuilleton sur l’insécurité à la une de la presse locale ; un discours pro-caméras martelé par l’opposition de droite ; un préfet et un sous-préfet fraîchement arrivés ; un nouvel outil de contractualisation et des incitations financières toujours plus fortes de l’État. Tous ces ingrédients ont participé à faire tomber ce dernier bastion sans vidéosurveillance.
Fin septembre 2021, Le Télégramme fait sa une du cahier de Brest sur la délinquance dans le bas de la rue Jean-Jaurès, une artère commerçante. Le journal le plus lu du Finistère entame une longue série d’articles – plus d’une dizaine – sur le thème de l’insécurité. Le fait divers devient fait politique et le sujet domine dans l’agenda politique de la ville.
Dans la foulée, une réunion s’organise entre le sous-préfet, Jean-Philippe Setbon, tout juste débarqué dans le port, les commerçants, le procureur et la mairie. « Lors de cette réunion, nous avons exposé nos doléances, mais le maire a renouvelé sa position : il n’était pas pour l’installation de caméras », résume Armelle Le Bret, vice-présidente de l’association Vitrines de Brest. Des annonces sont faites dans la foulée, un autre rendez-vous est pris, notamment pour discuter d’un contrat entre la ville de Brest et l’État, un contrat de sécurité intégrée (CSI).
Du donnant-donnant... ou du chantage ?Cet outil, créé par la loi sécurité globale de 2021, permet à l’État de passer un accord avec une ville
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