« Brame » : le grand cirque de l’amour

Avec Brame, Fanny Soriano réalise une belle avancée dans la recherche qu’elle mène au croisement du cirque et de la danse, de l’humain et de la nature.

Anaïs Heluin  • 1 mars 2023 abonné·es
« Brame » : le grand cirque de l’amour
« Brame » invite à penser d’autres modèles de relations, plus égales et douces.
© Jeremy Paulin.

Brame / Fanny Soriano / compagnie Libertivore. Le 10 mars au Théâtre Molière, Scène nationale de Sète (34). Également les 23 et 24 mars à l’ABC, Bar-le-Duc (55) ; les 29 et 30 mars au Théâtre d’Angoulême (16). Tournée à consulter ici.

La semi-pénombre sur laquelle s’ouvre Brame, où se dessinent des silhouettes d’arbres ainsi qu’une forme humaine, nous plonge dans un univers mystérieux que Fanny Soriano n’a de cesse d’étendre et de développer. Depuis la création de sa compagnie Libertivore en 2005, l’artiste de cirque immerge ses interprètes dans des «biotopes (sur)naturels», mondes aux lois complexes où la place de l’humain n’est jamais acquise d’emblée, où rien ne dit qu’elle sera un jour gagnée.

Créée en janvier lors de la Biennale internationale des arts du cirque de Marseille, Brame fait de nous les observateurs d’étranges parades amoureuses. Dans la forêt de Fanny Soriano, huit créatures se livrent à des rituels dont elles se gardent bien de nous livrer le sens. En s’inspirant de l’animal sans chercher à l’imiter, les acrobates déploient une gestuelle singulière à travers une succession de solos, de duos et de chorégraphies collectives que nous sommes libres de simplement admirer ou de chercher à décrypter.

Une langue de mouvements et de signes

Qu’ils fassent meute ou se promènent en solitaires, ces êtres ne cessent de trouver des manières différentes de se débrouiller avec les lois de l’apesanteur. Ils parlent une langue de mouvements et de signes nourrie des usages multiples des animaux, qui dit d’autant plus de l’amour humain qu’il l’aborde de biais. Tantôt au sol, tantôt suspendus aux branches et aux mâts chinois qui forment le « biotope » de Brame, les artistes expriment autant le besoin d’aimer que la violence qui peut y être associée.

Le cirque se prête à merveille au traitement de l’amour. Sans illustrer des expressions comme « tomber amoureux » ou « coup de foudre », la pièce en évoque la force. Par les moyens du mât et de la corde lisse, les danseurs-circassiens expriment la puissance de bouleversement du sentiment qui les intéresse. Leurs cérémoniaux suggèrent aussi la nécessité de nouveaux rapports. Construit notamment selon une parfaite fluidité des genres, Brame invite à penser d’autres modèles de relations, plus égales et douces.

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Théâtre
Temps de lecture : 2 minutes