Philippe Durand, passeur de trésors
En 2016, le comédien entame avec son spectacle « 1336 (parole de Fralibs) » une passionnante quête de luttes collectives. Sa nouvelle création, « Larzac ! », prend avec bonheur la suite de cette aventure où le goût du politique passe d’abord par l’amour des mots et des poésies non conformes.
dans l’hebdo N° 1750 Acheter ce numéro

© Jean-Joseph Osty.
Lorsqu’il crée 1336 (parole de Fralibs) en 2016, Philippe Durand est très loin d’imaginer que, sept ans après, il sera encore sur les routes pour partager les témoignages recueillis en 2015 dans l’usine de Gémenos (produisant du thé et des infusions), dans les Bouches-du-Rhône.
Âgé de 48 ans, le comédien ne se doute pas qu’il jouera ce seul en scène plus de 400 fois dans tous types de lieux, théâtraux et autres, et encore moins qu’il réitérera l’expérience quelques années plus tard autour d’un autre collectif, paysan cette fois : les habitants du plateau du Larzac.
« Après avoir présenté la pièce aux ouvriers qui m’avaient livré le récit de la lutte qu’ils venaient alors de gagner contre la multinationale Unilever, sauvant ainsi leur usine, je pensais la jouer seulement pour quelques dates et m’arrêter là », se rappelle-t-il. Il était alors membre de l’Ensemble artistique de La Comédie de Saint-Étienne, centre dramatique national (CDN), dirigée par le metteur en scène Arnaud Meunier. C’est là que tout commence.
Si Philippe Durand part en 2015 à la rencontre d’une vingtaine de Fralibs, c’est pour répondre à une proposition du CDN dans le cadre de la fête du livre organisée par la ville. « L’année précédente, j’avais déjà participé à cet événement en allant recueillir des paroles de Stéphanois que j’ai ensuite partagées sous la forme d’une lecture théâtralisée. Ce travail m’a passionné. Questionner des personnes, les écouter puis restituer leurs paroles a été un vrai bonheur que je n’ai vraiment analysé qu’après coup. C’est beaucoup plus tard, par exemple, que j’ai pris conscience de la nature des paroles que j’avais recueillies : il s’agissait de paroles populaires. J’étais si fasciné par leur beauté, leur poésie, que j’ai très vite su, en réécoutant mes enregistrements, que je les garderais tels quels, que je ne m’en servirais pas pour écrire moi-même un texte. » Les grandes lignes du dispositif que Philippe Durand va mettre en œuvre pour 1336 (parole de Fralibs) sont en place.
Questionner des personnes, les écouter puis restituer leurs paroles a été un vrai bonheur.
En écoutant le comédien nous lire dans son appartement parisien quelques bribes de ses Paroles de Stéphanois, la parenté avec ses deux créations ultérieures apparaît évidente. Sa joie de retrouver sur son ordinateur les mots d’un mineur ou ceux d’un cordonnier arménien lui fait prendre des tons, des accents proches de ceux dont il use pour transmettre au public les mots récoltés avec passion et curiosité auprès des Fralibs ou des paysans du Larzac.
Acte de langageSans
Il vous suffit de vous inscrire à notre newsletter hebdomadaire :
Pour aller plus loin…

Tournée générale

Éclats de corps

Ariane Ascaride : « Je veux faire entendre la modernité de Brecht »
