« Niquer la fatalité » : Estelle et Gisèle, même combat

Estelle Meyer place sa voix et ses mots dans le sillage de ceux de l’avocate et militante Gisèle Halimi. Entre théâtre et concert, elle relie ainsi sa propre vie, ses propres combats avec ceux de toute une lignée de femmes puissantes.

Anaïs Heluin  • 3 mai 2023 abonné·es
« Niquer la fatalité » : Estelle et Gisèle, même combat
En entrelaçant deux histoires éloignées dans le temps, "Niquer la fatalité" suggère aussi la persistance de certaines violences.
© Caroline Deruas Peano.

Après un premier spectacle intitulé Sous ma robe, mon cœur (2019), la comédienne, chanteuse et autrice Estelle Meyer passerait-elle avec Niquer la fatalité de l’autre côté de la barrière du genre ? Le sous-titre de cette deuxième création, Chemin(s) en forme de femme, nous l’infirme. Dès son entrée en scène, l’artiste lève elle-même les derniers doutes possibles en interrogeant : « Gisèle ? Estelle ? » D’un prénom à l’autre, une légère variation de ton et d’attitude nous indique un changement de personnage.

Estelle Meyer n’a pas renoncé à l’exploration du continent Femme, entreprise dans sa première pièce à travers des chansons rassemblées en une sorte de rituel-récital, et elle y va cette fois avec les outils du théâtre. Elle ne renonce pas pour autant au chant, auquel sa voix rauque, profonde et douce donne un air d’invocation. Depuis sa scène, Estelle Meyer appelle une chose, ou plutôt une personne absente pour la bonne raison qu’elle n’est plus : Gisèle Halimi.

Avant d’entamer son dialogue avec l’avocate et militante décédée en 2020, Estelle Meyer fait de son public un allié. Puisqu’il est là, autant ne pas aller seule vers l’inconnu ! Elle invite chacun à saisir des verres invisibles et à les lever « à nos mères, à nos grands-mères, à nos arrière-grands-mères, à leur courage, à nos lignées, à toutes nos ancêtres qui ont poussé, poussé ce petit crâne, accroupies, allongées, debout, poussé, poussé jusqu’à notre premier cri ».

Farouche liberté et poésie brute

Femmes et hommes, Estelle place ainsi tout le monde dans une même lignée féminine. Elle situe chacun au creux d’un texte où son écriture personnelle cohabite avec des citations de

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Théâtre
Temps de lecture : 4 minutes