Cannes 2023 : un palmarès judicieux

Ruben Östlund et ses jurés offrent la palme d’or à Justine Triet. Revue d’effectif des récompenses attribuées.

 

Christophe Kantcheff  • 27 mai 2023
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Cannes 2023 : un palmarès judicieux
L’intervention de Justine Triet, lors de la cérémonie de clôture, sur la situation politique en France, les menaces qui pèsent sur la diversité cinématographique et les difficultés rencontrées par les cinéastes ajoute au plaisir de lui voir décerner cette palme.
© CHRISTOPHE SIMON / AFP

Le jury présidé par Ruben Östlund n’a pas failli. Au sein de la compétition cannoise, dont le niveau était plutôt moyen, il a su distinguer des films qui, pour la plupart, font des propositions cinématographiques affirmées. Il y a de quoi se réjouir, les palmarès cannois ne sont pas toujours aussi pertinents.

Palme d’or : Anatomie d’une chute, de Justine Triet. L’intelligence du scénario (écrit par la cinéaste et le réalisateur Arthur Harari) permet d’entrer dans l’intimité d’un couple. Le mari vient de mourir, sa femme écrivaine, passe devant les Assises parce qu’accusée du meurtre de celui-ci. Sandra Hüller, qui l’incarne, est magistrale.

L’intervention de Justine Triet, lors de la cérémonie de clôture, sur la situation politique en France, les menaces qui pèsent sur l’exception culturelle et les difficultés rencontrées par les cinéastes ajoute au plaisir de lui voir décerner cette palme.

Grand Prix : The Zone of Interest, de Jonathan Glazer. Le film du britannique méritait aussi la palme. Mais le Grand prix est tout de même une belle récompense pour cette œuvre hors norme.

Prix d’interprétation féminine : Merve Dizdar. L’actrice compose avec élégance une femme courageuse et volontaire dans Les Herbes sèches du turc Nuri Bilge Ceylan.

Prix d’interprétation masculine : Koji Yakusho. L’acteur japonais de Perfect Days, réalisé par Wim Wenders, parvient à faire passer tous les sentiments à travers les gestes répétitifs d’un employé de nettoyage des toilettes publiques à Tokyo.

Prix de la mise en scène : Tran Anh Hung pour La Passion de Dodin Bouffant. La récompense la moins convaincante. Ce film qui lie le sentiment amoureux à l’art culinaire pèche par un esthétisme suranné et trop appuyé.

Prix du scénario : Sakamoto Yuji pour Monster, de Hirokazu Kore-eda. Pour la première fois (ou presque), le cinéaste japonais n’a pas écrit son scénario mais l’a confié à un scénariste confirmé. Ce qui donne un film complexe mais aussi compliqué.

Prix du jury : Les Feuilles mortes, de Aki Kaurismäki. L’art du cinéaste finlandais dans sa substantifique moelle. Un petit prix – mais un prix quand même – pour un grand film.

Voici cette édition du festival de Cannes qui s’achève, et avec elle cette chronique quotidienne. Merci de l’avoir suivie, et à mercredi sur le site et jeudi dans l’hebdo papier pour un bilan plus étoffé de ce Cannes 2023.

Cinéma
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