Une Europe qui étouffe, une terre qui a soif
Les températures ont augmenté deux fois plus vite en Europe que dans le reste du monde ces trente dernières années. Mais les députés conservateurs et les lobbys agro-industriels continuent à peser sur les décisions et lois du Parlement européen.
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© Michel Martinez Boulanin
Les premières alertes sont tombées dès la fin de l’hiver : l’été 2023 sera dangereusement sec en Europe. La France a connu le mois de février le moins arrosé depuis 1959. Une sécheresse hivernale qui a obligé les autorités publiques à prendre des décisions précoces comme dans les Pyrénées-Orientales, placées en alerte sécheresse renforcée alors que le printemps n’avait pas encore éclos. En Italie, le Pô était au plus bas pour un mois d’avril, ainsi que les lacs italiens qui en dépendent, tandis que l’Espagne a subi le mois d’avril le plus chaud depuis les premiers relevés effectués dans les années 1950. Les Alpes suisses ont connu leur hiver le moins enneigé depuis au moins vingt-cinq ans, mettant en danger le château d’eau de l’Europe.
« Les sécheresses se construisent de l’automne au printemps, période où les nappes phréatiques sont censées se recharger. En été, on en subit les conséquences, résume Davide Faranda, chercheur du CNRS au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement. Certains climatosceptiques disent qu’il n’y a pas vraiment de sécheresse puisqu’il y a des orages et de fortes pluies. C’est faux, car l’eau est aussitôt utilisée par la végétation et ne pénètre pas les sols en profondeur. Les pluies de ces derniers jours évitent juste de toucher aux nappes phréatiques déjà en détresse. Il est impossible de soigner une sécheresse l’été. »
La zone méditerranéenne, hotspot à risquesChaque semaine, de nouvelles études établissent un peu plus l’intensification des événements extrêmes sous l’effet du changement climatique. Et l’Europe est particulièrement scrutée. Selon un rapport récent de l’Organisation météorologique mondiale, les températures y ont augmenté deux fois plus vite que dans le reste du monde ces trente dernières années. Particularité due à son exposition à l’océan Atlantique à l’ouest et à la mer Méditerranée au sud ? « Celle-ci étant plus chaude que l’Atlantique, cela cause ces situations anticycloniques et ces zones de haute pression. Dès que de l’air frais pénètre sur le bassin, des orages très forts peuvent se déclencher. Côté Atlantique, dès qu’on a de l’air humide et frais en été sur l’Hexagone, des orages se déclenchent facilement car, en cette saison, la Terre a tendance à se réchauffer très vite. Une accélération due à l’émission de gaz à effet de serre (GES) », explique le climatologue.
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