En Ardèche, une basilique au nom du pire
Au cœur du parc naturel régional des Monts d’Ardèche, le village de Saint-Pierre-de-Colombier voit l’influence d’une communauté chrétienne et du vote à l’extrême droite se matérialiser dans le projet d’un édifice religieux démesuré et écocide.
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© Pierrot Pantel/ANB.
Le jeu de mots est facile, mais c’est peu dire que l’ambiance est « Lourdes » à Saint-Pierre-de-Colombier, bourg de 400 habitants. La cause est à chercher du côté d’un immense projet : une « basilique » pouvant accueillir jusqu’à 3 500 fidèles avec ses deux flèches à 50 mètres de hauteur, soit davantage que Notre-Dame-de-Fourvière, à Lyon ! Un édifice qui questionne déjà dans sa dénomination. « Pour que ce soit une cathédrale, il faut l’accord du pape, lequel n’a pas été donné, précise François Jacquart, ancien conseiller régional communiste ardéchois. C’est alors devenu une église. La Famille missionnaire de Notre-Dame a tenté d’avoir l’accord de l’évêché, qui a lui aussi refusé. Nous sommes passés de basilique à chapelle aux dernières nouvelles. » L’anecdote sémantique pourrait faire sourire si elle n’illustrait pas l’obstination de cette communauté religieuse installée sur place depuis plus de soixante-quinze ans. Si l’édifice pose problème en termes d’impact environnemental, la communauté s’étend aussi en nombre et politiquement, le village ayant même placé Éric Zemmour en tête à 40 % au premier tour de l’élection présidentielle l’année dernière. Au second tour, Marine Le Pen a quant à elle obtenu 65 % des suffrages. Presque autant que les membres de la Famille missionnaire de Notre-Dame, qui représentent 60 % des électeurs de la commune !
Le village a voté à 40 % pour Éric Zemmour au premier tour, à 65 % pour Marine Le Pen au second.
Un climat politique délétèreBien que seulement une quarantaine de religieux vivent à l’année au village, un certain nombre de missionnaires y sont officiellement domiciliés et des familles proches de la communauté s’installent année après année, créant progressivement un déséquilibre démographique. « Les proches de la communauté sont vite informés des maisons en vente et s’installent, mais il n’y a pas que ça, confirme François Jacquart. D’autres sont domiciliés au siège de la communauté et, comme
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