« Liberté Cathédrale » : mouvements transversaux

Boris Charmatz, chorégraphe majeur du temps présent, déploie sa nouvelle création, Liberté Cathédrale, une pièce de grande ampleur conçue au sein de l’illustre compagnie de Pina Bausch, le Tanztheater Wuppertal, dont il assure la direction depuis un an. Entretien.

Jérôme Provençal  • 20 septembre 2023 abonné·es
« Liberté Cathédrale » : mouvements transversaux

Ayant émergé sur la scène contemporaine au début des années 1990, principalement chorégraphe mais également danseur, Boris Charmatz développe une activité pratique et une recherche théorique en constante interaction. Très attaché à la transmission, il a notamment transformé pendant dix ans – de 2009 à 2019 – le Centre chorégraphique national de Rennes en un Musée de la danse, tout sauf académique, ouvert à l’imprévu du vivant : « Un espace expérimental pour penser, pratiquer et élargir les frontières de ce phénomène qu’on appelle la danse. » Depuis août 2022, nommé pour un mandat de huit ans, Boris Charmatz dirige le Tanztheater Wuppertal (TW), ensemble de danse-théâtre aujourd’hui mythique, fondé par Pina Bausch en 1973, tout en continuant en parallèle à cultiver sa propre structure, qui a pour nom [terrain].

Baptisée Liberté Cathédrale et incarnée par une trentaine d’interprètes, sa première pièce en tant que directeur du TW vient d’être créée au Mariendom de Neviges, une église en béton à l’architecture à la fois brutaliste et futuriste, qui se trouve à Velbert, petite commune près de Wuppertal. Elle peut maintenant être découverte à Lyon, dans l’imposante enceinte métallique des anciennes usines Fagor, à l’occasion de la Biennale de la danse, et sera présentée à l’Opéra de Lille en décembre.

Autour de quels grands axes, artistiques ou autres, s’articule votre projet pour le Tanztheater Wuppertal ?

Boris Charmatz : J’entretiens un rapport très fort à l’histoire et à la mémoire. Je suis ici pour maintenir vivant le travail de Pina Bausch – une entreprise foncièrement collective que je mène avec ses interprètes d’hier et d’aujourd’hui, des spécialistes de son œuvre, des historiens ou historiennes, etc. – mais je suis venu avant tout pour créer, inventer des nouvelles formes, faire entrer la compagnie dans le XXIe siècle. Au sein du Tanztheater, tout le monde souhaite que la compagnie se dédie autant au répertoire qu’à la création, et ainsi que passé, présent et futur se relient intimement. J’ai aussi envie d’ouvrir l’institution pour amener de l’air et sortir des salles de théâtre.

J’aime l’idée que la danse peut avoir lieu dans la tête, devant un téléphone, sur une scène, dans un musée, en pleine nature...

C’est tout l’intérêt de l’union entre le Tanztheater et [terrain], ma structure basée dans les Hauts-de-France. Nous construisons ensemble une coopération transfrontalière qui nous permet d’agir sur le lien européen, pas seulement à un niveau symbolique mais également de façon très concrète. Les Hauts-de-France et la Rhénanie-du-Nord-Westphalie ont une histoire commune : jadis riches en industries prospères (charbon, acier, textile…),

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Spectacle vivant
Temps de lecture : 8 minutes