Corlay veut sauver son collège
La décision brutale du conseil départemental des Côtes-d’Armor de fermer ce petit établissement en zone rurale interroge sur ses motivations et suscite une très forte opposition locale.
dans l’hebdo N° 1776 Acheter ce numéro

© Patrick Piro
"Vous allez voir, ça va être bondé », avertit Élodie Legal. Ce vendredi 1er septembre, c’est fest-noz militant contre la fermeture du collège à Corlay, bourg rural du sud-ouest des Côtes-d’Armor. Dans la salle des fêtes envapée d’effluves saucisses-frites et de bière artisanale, plus de neuf cents personnes – autant que la population de Corlay – enchaînent les chorégraphies de la tradition bretonne. On est venu de tout le canton. « On s’imaginait peut-être que l’été allait nous démotiver : c’est raté », constate Élodie Legal.
Cette enseignante au collège, quinze ans de militance syndicale à SUD Solidaires, était présente le 24 mai quand Jean-René Carfantan, vice-président du conseil départemental délégué à l’éducation, a reçu en urgence les personnels du collège, les parents d’élèves et les élu·es de la municipalité, pour leur annoncer la fermeture du collège Pier-an-Dall en juin 2024. Sidération. « Avec un conseil départemental à gauche, on se pensait à l’abri d’une telle décision. On s’est sentis trahis », confie Élodie Legal. Le canton s’enflamme. Le 9 juin, 350 personnes se rassemblent pour un plan de bataille. Une pétition de soutien est lancée, signée par 20 000 personnes début septembre. Une association, Maintien du collège de Corlay pour une ruralité vivante, est créée. « Au-delà des parents d’élèves, cette mobilisation motive toute la population », souligne l’enseignante.
Le café Carpe diem, tenu par François Auffret (à gauche) et Hubert Le Lay, est le repaire des opposants à la fermeture.On « monte » à Saint-Brieuc, la préfecture. Manifestation devant le conseil départemental, rencontre avec le directeur académique des services de l’Éducation nationale (Dasen) des Côtes-d’Armor : sans effet. Pour des raisons d’économie, le secteur de Corlay est tenu de rallier le canton voisin et son collège de Saint-Nicolas-du-Pélem.
L’association contre-argumente sur tous les fronts. Des localités du secteur se retrouveront à près de 30 kilomètres de leur futur collège. Conserver Pier-an-Dall aurait nécessité 6 millions d’euros de travaux ? Selon les artisans sollicités, il y en aurait pour quatre fois moins. Les enseignant·es rechigneraient à venir à Corlay ? L’équipe pédagogique est
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