Que peuvent les organisations internationales ?
Les agences de l’ONU et autres institutions semblent peu audibles ou pas assez efficaces dans notre monde en proie aux guerres et aux crimes contre les civils. Faillite de la gouvernance mondiale ou incompréhension de son fonctionnement ?
dans l’hebdo N° 1781 Acheter ce numéro

© HAZEM BADER/ AFP
Les années passent et se ressemblent : des guerres d’agression éclatent, en Ukraine ou dans le Haut-Karabakh, des populations civiles sont prises pour cibles à Gaza ou au Myanmar, des peuples entiers sont menacés dans leur existence, à l’instar des Ouïgours. Le secrétaire général des Nations unies (ONU) s’époumone en vain à rappeler les exigences et grands principes du droit international humanitaire, ou à alerter sur « l’effondrement climatique [qui] a commencé ». Sans effet concret. Nombreux sont ceux qui continuent pourtant de se tourner vers les organisations internationales, espérant un salut, une intervention, un changement.
« Il est très facile de montrer toutes les choses qui ne vont pas et de dire qu’il faudrait une meilleure organisation du monde, mais une fois qu’on a dit cela, on n’a pas beaucoup avancé », tempère Guillaume Devin, professeur émérite de science politique à Sciences Po Paris et spécialiste des organisations internationales. « Il faut d’abord mettre les activités de coopération internationale en perspective : regarder ce qui a pu être fait et les raisons pour lesquelles cela progresse aussi lentement. » Ainsi, comment expliquer que l’ONU ne parvienne pas à faire respecter la résolution 2334 du Conseil de sécurité condamnant la colonisation d’Israël dans les territoires palestiniens occupés ? Pour quelles raisons Israël ou la Russie peuvent-ils bafouer impunément le droit international ?
Ce n’est plus possible de conserver un Conseil de sécurité entre les mains des grandes puissances.
Guillaume Devin« J’avance trois raisons pour expliquer les difficultés actuelles du multilatéralisme. Tout d’abord, la difficulté politique : jamais, depuis ces dernières années, les grandes puissances n’ont été aussi divisées, paralysant de nouveau le Conseil de sécurité », expose Guillaume Devin. Par conséquent, l’ONU ne peut s’interposer entre belligérants : « Les opérations de maintien de la paix, qui sont assurées par les casques bleus, doivent être décidées par le Conseil de sécurité. »
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