L’austérité n’est pas une fatalité

Le gouvernement a annoncé de nouveaux tours de vis budgétaires. Il est vital de nous y opposer, au moment où le rôle des politiques publiques est plus important que jamais pour faire face aux inégalités et à la crise écologique.

Dominique Plihon  • 28 février 2024
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L’austérité n’est pas une fatalité
Une personne sans-abri, à Bordeaux, en juillet 2023.
© Philippe LOPEZ / AFP

Le gouvernement a annoncé des plans successifs d’économies budgétaires d’une vingtaine de milliards d’euros qui sont supposés enrayer la hausse récente des déficits et de la dette publics. Cette politique est doublement critiquable. D’une part, elle s’attaque aux priorités sociales et écologiques, car les réductions budgétaires concernent en particulier le reste à charge en pharmacie, les comptes personnels de formation et MaPrimeRénov’.

D’autre part, elle risque d’être contre-productive dans la mesure où, compte tenu du jeu du multiplicateur, la réduction des dépenses publiques se traduira par un ralentissement de l’activité économique et une baisse induite des rentrées fiscales, ce qui conduira in fine à une hausse du déficit public.

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Les choix du gouvernement reposent sur deux tabous néolibéraux contestables. En premier lieu, la nécessité de réduire le poids des finances publiques. Avec l’assentiment des gouvernements, les autorités européennes ont édicté les fameuses règles du pacte de stabilité budgétaire, qui viennent d’être confirmées, selon lesquelles les déficits publics ne doivent pas dépasser 3 % du PIB, et les dettes publiques 60 % du PIB. Ces ratios n’ont aucun fondement économique sérieux, et leur mise en œuvre a déjà été à l’origine des politiques d’austérité qui ont conduit à une profonde récession économique dans l’Union européenne en 2010-2011.

Une autre politique fiscale permettrait d’enrayer ces effets négatifs, en taxant les ultra-riches et les grandes entreprises.

D’autres politiques existent pour maîtriser la gestion de la dette publique. Une première possibilité est de réduire la part, qui dépasse 50 %, de la dette détenue par les investisseurs internationaux, à l’instar du Japon (moins de 10 %), ce qui permettrait au gouvernement de se soustraire à la tutelle des marchés internationaux et des agences de notation. Une deuxième possibilité, qui a été expérimentée ces dernières années dans la zone euro, est l’achat par la Banque centrale européenne de la dette des États.

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Le deuxième tabou néolibéral concerne la fiscalité, considérée comme une charge qu’il faut à tout prix réduire pour favoriser la compétitivité et la croissance. Ainsi s’explique le leitmotiv macronien de baisse des impôts. Or non seulement les baisses successives d’impôts, telle la suppression de l’ISF et des impôts de production, n’ont pas eu les résultats positifs escomptés, mais on sait que celles-ci ont été une cause majeure de l’aggravation des déficits publics et des inégalités fiscales.

Une autre politique fiscale permettrait d’enrayer ces effets négatifs, en taxant les ultra-riches et les grandes entreprises dont les profits ont explosé, et en éradiquant leur évasion, estimée à 60 milliards d’euros (1). Il est vital de nous opposer à l’austérité budgétaire, au moment où le rôle des politiques publiques est plus important que jamais pour faire face aux inégalités et à la crise écologique.

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« 60 milliards pour les urgences écologiques et sociales ! », note Attac, février 2024.

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