Décentralisation : Éric Woerth en marche arrière
Au terme d’une mission de réflexion de six mois, Éric Woerth a remis le 30 mai à Emmanuel Macron un volumineux rapport sur la décentralisation. L’ancien ministre de Nicolas Sarkozy, désormais député Renaissance, y formule 51 propositions censées restaurer la confiance entre l’État et les collectivités, mais aussi entre les collectivités et les citoyens. On y retrouve sans surprise la traditionnelle tarte à la crème sur la « mise en cohérence des compétences de chacune des strates » du millefeuille territorial, toutes préservées à l’exception notable de la Métropole du Grand Paris.
Dans ce « qui fait quoi » repensé, le bloc communal récupère la compétence logement, y compris dans l’attribution par le maire des logements sociaux – une bonne nouvelle pour le clientélisme –, les régions récupéreraient des compétences telles que l’enseignement supérieur, les transports et la transition écologique. Une redistribution des cartes financières est aussi avancée, ainsi qu’un dynamitage du statut de la fonction publique territoriale.
À ces propositions techniques aux lourdes conséquences pour les administrés comme pour les agents, s’ajoutent la réduction du nombre de conseillers municipaux – 100 000 en moins ! –, le retour du conseiller territorial – à la fois conseiller départemental et régional – via un mode de scrutin ubuesque, ou le rétablissement du cumul des mandats. Les baronnies locales et la professionnalisation de la politique en seraient confortées, la démocratie beaucoup moins.
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