Iran : Deux prisonniers politiques en danger d’exécution imminente

Pour empêcher l’exécution de Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, 166 experts viennent de demander au Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, une action immédiate de la part de l’ONU. Il y a urgence.

Hamid Enayat  • 27 janvier 2025
Partager :
Iran : Deux prisonniers politiques en danger d’exécution imminente
Manifestation à New-York contre les exécutions de prisonniers politiques iraniens devant la représentation permamente d'lran à l'ONU, le 17 décembre 2022.
© Kena Betancur / AFP

Selon des informations fiables en provenance de Téhéran, Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, deux prisonniers politiques condamnés à mort, ont été transférés dans la matinée du dimanche 26 janvier, de manière soudaine et forcée, de la prison d’Evin à celle de Qezel-Hessar, tristement célèbre pour être un lieu où les exécutions sont régulièrement pratiquées. Ce transfert brutal fait craindre une exécution imminente, augmentant l’urgence d’une mobilisation internationale pour empêcher cette tragédie.

Une mobilisation internationale cruciale

Amnesty International, dans ses appels des 16 et 23 janvier, a exigé l’annulation immédiate des condamnations à mort de Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani. Dans une déclaration officielle, l’organisation a dénoncé :

« Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani ont été condamnés à mort en septembre 2024 pour ‘guerre contre Dieu’ et ‘corruption sur terre’, en raison de leur soutien à l’Organisation des Moudjahidines du peuple d’Iran, un groupe d’opposition interdit. Après leur arrestation en 2022, ils ont été soumis à des tortures et à d’autres mauvais traitements, notamment une détention prolongée en isolement, pour les forcer à avouer. Leur procès était profondément inéquitable. »

Le Parlement européen, dans sa résolution du 23 janvier 2025, a également condamné fermement la répression brutale du régime iranien. La résolution appelle à :

  • La libération immédiate des prisonniers politiques, notamment ceux condamnés à mort ;
  • L’abolition de la peine de mort en Iran ;
  • Des sanctions ciblées contre les responsables de violations des droits humains, y compris Ali Khamenei, Massoud Pezeshkian, Mohseni Ejei et d’autres hauts responsables.

Ces prises de position marquent une étape importante dans la pression internationale exercée sur le régime iranien, mais elles nécessitent des actions concrètes et rapides pour sauver des vies.

Protestations dans la prison d’Evin : un cri pour la justice

En réaction au transfert de Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, les prisonniers des blocs 4 et 8 de la prison d’Evin ont vigoureusement protesté, malgré les risques importants pour leur propre sécurité. Ils ont scandé des slogans tels que : « À bas le dictateur ! » « Jurons sur le sang de nos compagnons : nous résisterons jusqu’au bout ! »

Ces protestations reflètent la solidarité entre les prisonniers politiques iraniens et leur détermination à lutter contre l’injustice, même derrière les barreaux.

Un verdict basé sur des accusations fabriquées

Les condamnations à mort de Behrouz Ehsani et Mehdi Hassani, confirmées par la Cour suprême iranienne le 7 janvier 2025, reposent sur des accusations fallacieuses. Parmi ces accusations : « Rébellion armée », « guerre contre Dieu », « corruption sur terre », « appartenance aux Moudjahidines du peuple (OMPI) », « collecte d’informations classifiées », « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale », « possession illégale d’armes et de munitions ».

Ces accusations, souvent utilisées par le régime pour justifier des condamnations arbitraires, sont le reflet d’une répression systématique visant à éliminer toute opposition politique.

Il est encore temps d’agir

Chaque minute compte. Une mobilisation rapide et coordonnée peut encore sauver la vie de ces deux prisonniers et envoyer un message fort au régime iranien : la communauté internationale ne restera pas silencieuse face à de telles injustices.

Recevez Politis chez vous chaque semaine !
Abonnez-vous
Publié dans
Tribunes

Des contributions pour alimenter le débat, au sein de la gauche ou plus largement, et pour donner de l’écho à des mobilisations. Ces textes ne reflètent pas nécessairement la position de la rédaction.

Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

Un héritage empoisonné ? La gauche et le passé (post)colonial de François Mitterrand
Tribune 5 juin 2025

Un héritage empoisonné ? La gauche et le passé (post)colonial de François Mitterrand

Deux historiens, qui ont dirigé l’ouvrage François Mitterrand, le dernier empereur. De la colonisation à la Françafrique, interrogent le point aveugle colonial et postcolonial de la gauche, avec comme repère le rôle central que le défunt président français joue dans cette configuration.
Par Pascal Blanchard
Le combat des travailleuses du sexe est plus urgent que jamais
Tribune 2 juin 2025

Le combat des travailleuses du sexe est plus urgent que jamais

50 après l’occupation de l’église Saint Nizier à Lyon, et 10 ans après la loi de 2016, la sénatrice Anne Souyris (EELV) appelle à écouter les revendications actuelles des travailleuses du sexe et à rouvrir le débat parlementaire sur la pénalisation des clients.
L’appel des mères pour les enfants de la Palestine
Palestine 1 juin 2025

L’appel des mères pour les enfants de la Palestine

Face au massacre des enfants palestiniens, des mères de France appellent à marcher le 15 juin devant l’Élysée pour exiger des sanctions contre Israël et des actions immédiates de la part d’Emmanuel Macron.
Par Collectif
« Bientôt, nous enseignerons qu’il y a eu un génocide à Gaza »
Tribune 28 mai 2025

« Bientôt, nous enseignerons qu’il y a eu un génocide à Gaza »

Aggiornamento, un collectif d’enseignant·es, estime qu’éviter de parler de génocide à Gaza en classe relève d’une posture politique contraire à la « neutralité » demandée aux professeurs par le ministère, alors que le rectorat de Dijon a suspendu une professeure pour un hommage aux victimes gazaouies.
Par Collectif