« Racist piece of shit »

Le groupe punk/funk/ska Fishbone se produit actuellement en France, une tournée improvisée pour dénoncer l’Amérique de Trump.

Pauline Guedj  • 30 avril 2025 abonné·es
« Racist piece of shit »
Sur scène, Fishbone impose sa musique festive et pugnace.
© Fishbone

Tournée : 3 mai, Aix-en-Provence (13) ; 4 mai, Nîmes (30) ; 6 mai, Ambérieu-en-Bugey (01) ; 7 mai, Vauréal (95) ; 9 mai, Le Cateau-Cambrésis (59).

En 1989, une joggeuse est attaquée à Central Park, à New York. Cinq mineurs africains-américains sont inculpés et, dès cette époque, Donald Trump profite de l’affaire pour demander le rétablissement de la peine de mort. Plusieurs artistes réagissent, parmi lesquels les leaders du groupe de fusion punk/funk/ska largement plébiscité par la presse de l’époque : Fishbone.

Christopher Dowd, claviériste et tromboniste, se souvient : « Fishbone est composé de six Noirs qui ont grandi à Los Angeles à l’époque de Daryl Gates [chef du LAPD lorsque les « émeutes » embrasent la ville]. Nous savions très bien que les allégations contre les Central Park Five étaient une connerie. Je connaissais intimement ce sentiment d’injustice pour avoir survécu à la violence des gangs, à la drogue…» En 2002, les Central Park Five sont innocentés.

Accusations

Lors de la dernière campagne présidentielle, Kamala Harris a rappelé l’histoire de ces cinq garçons pour dénoncer l’attitude de Donald Trump face au climat racial qui divise le pays. Les victimes ont, depuis, poursuivi le Républicain en diffamation. Quelques jours avant l’issue du scrutin, Fishbone a décidé de publier un titre intitulé « RxPxOxS », entendre « racist piece of shit », « morceau de merde raciste », portrait du candidat réélu.

Lorsqu’il s’agit d’un Blanc, on parle de ‘protest song’ ; lorsqu’il s’agit d’une personne de couleur, on parle d’agressivité.

C. Dowd

Aujourd’hui, Fishbone continue son combat en se lançant dans une tournée française, la bien nommée « Fishbone, Escape from America ». Le groupe multiplie les accusations violentes contre le président. Dowd explique : «Les musiciens et les artistes qui disent leur vérité existent depuis toujours. Lorsqu’il s’agit d’un Blanc, on parle de “protest song” ; lorsqu’il s’agit d’une personne de couleur, on parle d’agressivité. »

Sur scène, Fishbone, mené par Dowd, mais aussi par la pile électrique Angelo Moore à la voix, aux saxophones et au thérémine, impose sa musique festive et pugnace. Le groupe interprète les titres qui ont fait sa renommée dans les années 1980 et 1990, « Party at Ground Zero », « Ma and Pa », ­« Everyday Sunshine » et de nouvelles compositions comme l’excellent « Last Call in America », disponible sur son prochain album, Stockholm Syndrome.

Le tout impose des arrangements de cuivres et une rythmique survitaminés, délicieusement éclectiques dans leurs influences, et ce, souvent à l’intérieur d’un même morceau. Le groupe a déjà enflammé plusieurs villes de France, mais il reste quelques dates avant son départ pour Londres. De quoi partager les réalités d’une Amérique apeurée mais qui continuera de résister.

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Musique
Temps de lecture : 2 minutes