Cannes 2025 : une Palme d’or forte en symbole
Le jury de la 78e édition du festival de Cannes a distingué des œuvres de haute tenue dans une compétition de bon niveau.

Palme d’or
Un simple accident, de Jafar Panahi
Accorder à Jafar Panahi le prix le plus important, c’est récompenser l’alliance de l’esthétique et du politique. Son film est une charge contre la violence barbare du régime iranien en même temps qu’une leçon de cinéma. Cette Palme d’or est d’autant plus symbolique que Jafar Panahi était enfin présent à Cannes après de nombreuses années d’interdiction.
Grand prix
Valeur sentimentale, de Joachim Trier
Le Grand prix va souvent à un film hors norme ou d’une singularité affirmée. Valeur sentimentale est au contraire d’une facture assez classique, il en émane une élégance et une émotion toujours sur le fil. Une belle œuvre qui mêle l’art et la vie.
Prix d’interprétation masculine & Prix de la mise en scène
L’Agent secret, de Kleber Mendonça Filho, dont le comédien principal est Wagner Moura
Donner deux prix à ce très grand film revient à le mettre particulièrement en exergue, et ce n’est pas volé ! Le cinéaste parvient à faire un film se déroulant au Brésil sous la junte militaire en multipliant les strates de sens (antifasciste, mémoriel, thriller politique…) tout en restant toujours d’une absolue fluidité.
Prix d’interprétation féminine
Nadia Melliti, dans La Petite dernière, de Hafsia Herzi
C’est une excellente surprise. Elle avait à peine plus de 21 ans, se baladait dans la rue, quand la jeune femme, totalement étrangère jusqu’ici au cinéma, a été repérée pour interpréter le rôle de Fatima. Le conte de fée ne s’arrête donc pas là avec ce prix d’interprétation mérité : Nadia Melliti a autant de talent qu’elle a eu de tenue sur scène pour recevoir sa récompense.
Prix du scénario
Jeunes mères, de Jean-Pierre et Luc Dardenne
Les frères cinéastes sont non seulement des habitués du festival, mais aussi du palmarès. Comme pour Le silence de Lorna, ils reçoivent le prix du scénario. Le film a beaucoup plus d’ampleur que cette simple récompense. Et Luc Dardenne a eu bien raison de remercier illico leurs cinq jeunes actrices qui contribuent à donner à leur film sa dimension.
Prix du jury (ex æquo)
Sirât, d’Oliver Laxe, et Sound of Falling, de Masha Schilinski
Sirât a clivé à Cannes, de par son univers visuel, son scénario déconcertant. J’ai pour ma part été impressionné par la façon très singulière dont Oliver Laxe (impeccable discours lors de la remise de son prix) raconte comment l’histoire rattrape ceux qui pensent en être exclus, en l’occurrence des marginaux.
Sound of Falling, en revanche, instaure en système, qui fait dogme, la malédiction qui touche tous ses personnages. Étouffant.
Prix spécial
Résurrection, de Bi Gan
On peut s’interroger sur la création de ce prix pour ce film du réalisateur chinois Bi Gan (Un grand voyage vers la nuit) effectivement « spécial », formellement éblouissant, revisitant à sa manière l’histoire du cinéma en en magnifiant son merveilleux et sa fantasmagorie. Le Grand prix aurait tout aussi bien fait l’affaire. Réjouissons-nous en tout cas qu’une telle œuvre radicalement inouïe soit au palmarès.
Cette 78e édition du festival de Cannes s’achève, et avec elle cette chronique quotidienne. Merci de l’avoir suivie. Tous les articles concernant le millésime 2025 sont à retrouver ici.
Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.
Faire Un DonPour aller plus loin…

« Oui », de Nadav Lapid (Quinzaine des cinéastes) ; Mon palmarès idéal

« Jeunes mères », de Jean-Pierre et Luc Dardenne

« Valeur sentimentale », de Joachim Trier (Compétition)
