Les influenceurs antifascistes
Les espaces numériques sont aussi des lieux de lutte. Des militant·es investissent les réseaux sociaux et rassemblent de larges communautés auxquelles ils et elles proposent des contenus engagés, politiques et pédagogiques. Florilège des comptes à suivre.

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230k abonnés sur Instagram
Math, plus connu·e sous le pseudonyme cht.am, cumule plusieurs centaines de milliers d’abonnés sur son compte Instagram, où iel parle de luttes sociales, de santé mentale, de politique, etc. Depuis la création de son compte en février 2022, Math partage des dessins et mini-BD, dans un style minimaliste et reconnaissable. Son travail s’inscrit dans une démarche où l’illustration devient un outil politique et social, toujours avec une touche d’humour.
Avant de se consacrer pleinement à l’illustration, Math a travaillé à Radio Nova, où iel était chroniqueur·euse et responsable des médias et réseaux sociaux. Son engagement ne s’arrête pas à ses dessins : iel soutient activement des associations comme Utopia 56 et le Collectif des associations pour le logement. En 2024, Math a publié Dans mon cerveau comme à la maison (Hoebeke), une bande dessinée introspective qui explore les dédales de la santé mentale.
@LAntiStream
9,9k abonnés sur Twitch
Streamer antifasciste et anarchiste revendiqué, L’AntiStream propose différents formats en direct sur la plateforme Twitch. Il anime des revues de presse et invite aussi des interlocuteurs spécialisés, comme un représentant de Palestine vaincra pour parler de la libération de Georges Ibrahim Abdallah, par exemple. Il offre à sa communauté un regard engagé sur l’actualité, plusieurs fois par semaine.
@histoires_crepues
251k abonné·es sur Instagram
257k abonné·es sur TikTok
205k abonné·es sur YouTube
9,1k abonnés sur Twitch
Histoires crépues est un compte dédié à la vulgarisation de l’histoire coloniale française. Fondée par l’artiste contemporain Seumboy pendant le confinement, la chaîne s’efforce de rendre ces notions historiques accessibles au grand public, en produisant du contenu pédagogique et en encourageant une appropriation collective de ce passé commun. L’objectif est de déconstruire les tabous entourant l’histoire coloniale et de fournir des outils pour comprendre les répercussions actuelles de ce passé.
Sur Instagram et TikTok, Seumboy n’est pas seul à animer la chaîne. Plusieurs personnes interviennent dans de courtes vidéos adaptées à ces plateformes pour réagir à l’actualité ou mettre en lumière des enjeux peu connus du grand public. Par exemple, le créateur de contenu guadeloupéen Samora Curier parle de résistance culturelle face à Donald Trump, et la journaliste indépendante Yvana Aletas apporte un point de vue antiraciste sur l’utilisation du mot « déportation ».
L’équipe d’Histoires crépues investit le plus de plateformes possible. Sur Twitch, elle produit des émissions hebdomadaires d’actualité, tandis que YouTube permet de créer des formats plus longs et plus poussés de vulgarisation historique. Face à l’ampleur de leur succès sur les réseaux, Histoires crépues a pour objectif de devenir le premier média antiraciste à part entière d’ici à 2027.
@clemovitch
289k abonné·es sur Instagram
324k abonné·es sur YouTube
163k abonnés sur Twitch
Clément Viktorovitch s’est imposé comme une figure incontournable de la vulgarisation politique en France. Docteur en science politique et spécialiste de l’art oratoire, il a démocratisé l’analyse des discours politiques. Après une carrière académique, il se fait connaître du grand public par ses apparitions à la télévision et à la radio de 2016 à 2024. Mais c’est surtout sur les réseaux sociaux que Clément Viktorovitch prend une ampleur considérable.
Son compte Instagram et sa chaîne YouTube lui permettent de diffuser ses analyses auprès d’un large public. Il propose des vidéos dans lesquelles il décortique les stratégies discursives des responsables politiques, révélant les techniques de persuasion et de manipulation employées. Une de ses vidéos YouTube les plus vues s’intitule « TUTO : comment reconnaître le FASCISME (même quand il a mis une cravate) ? », publiée en juin 2024.
En 2021, Clément Viktorovitch se lance également sur Twitch, une plateforme qui permet de diffuser du contenu vidéo en direct tout en discutant avec les spectateurs, qui peuvent écrire dans le chat, et sur laquelle la moyenne d’âge de l’audience est très basse. Il y anime des « cafés rhétoriques » plusieurs fois par semaine, dans lesquels il revient sur certaines séquences politiques marquantes. La liberté de ton, possible sur internet, lui permet d’être davantage engagé que dans les médias traditionnels.
Il alerte notamment sur les dérives fascistes du pouvoir politique, ainsi que sur l’avènement de l’ère de la post-vérité. La même année où il se lance sur Twitch, il publie Le Pouvoir rhétorique (Seuil), un ouvrage qui synthétise ses années d’observation et d’analyse des discours. En 2024, il monte sur les planches pour un seul-en-scène qu’il a écrit avec Ferdinand Barbet, intitulé L’Art de ne pas dire, dans lequel il incarne le conseiller du nouveau président de la République.
@generationedr
2,5k abonnés sur Instagram
2,9k abonnés sur TikTok
Génération Espoir-Dignité-Résistance (EDR) a été lancé en mars 2025 pour lutter contre l’islamophobie sur tous les fronts : dans la rue, sur les réseaux sociaux et dans l’espace médiatique. Il rassemble des collectifs de quartiers populaires, des associations, des organisations antifascistes, des syndicats lycéens et étudiants, etc. L’objectif est d’organiser une riposte collective face aux offensives de l’extrême droite.
Loin des partis politiques traditionnels, « cette campagne veut être un outil de lutte et de mobilisation unitaire pour résister face à la montée du fascisme, dont ‘l’ennemi commun’ est le musulman », selon le texte de lancement de génération EDR. Étant donné que le mouvement est récent, son audience en ligne est relativement faible pour le moment. Cependant, les réseaux sociaux vont permettre de relayer les nombreuses mobilisations prévues, « pour s’organiser et répondre à chaque offensive islamophobe ».
@irenevrose
Irene García Galán, connue sous le pseudonyme Irenevrose, est une militante anarcho-féministe née en 1999 en Espagne, installée à Paris depuis 2017. Elle se revendique antifasciste, anticapitaliste et antiraciste. Sur son compte Instagram, elle partage avec son public des informations sur des sujets qui lui sont chers, mais aussi ses engagements et réflexions. Elle participe au lancement du mouvement des collages contre les féminicides en 2019.
En 2021, Irene autopublie son premier livre, La Terreur féministe : petit éloge du féminisme extrémiste, à l’aide d’un financement participatif. Elle y aborde l’utilisation de la violence dans la lutte contre le patriarcat, notamment en racontant l’histoire de femmes qui en ont fait usage. Le livre a été réédité par les éditions Divergences puis chez Points.
En 2022, elle sort un second livre intitulé Hilaria : récits intimes pour un féminisme révolutionnaire (Divergences). Il explore l’héritage féministe à travers l’histoire de son aïeule, une femme du prolétariat basque des années 1930. Veuve et mère célibataire, Hilaria incarne un féminisme populaire. En mêlant récits intimes, faits historiques et analyses politiques, Irene García Galán propose de puiser dans cet héritage pour outiller les luttes féministes actuelles face à la montée des fascismes en Europe.
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