Congrès du PS : tout ça pour ça

Olivier Faure a remporté, une nouvelle fois, le congrès du Parti socialiste dans un mouchoir de poche. Et cela, malgré deux ans de bagarres internes.

Pierre Jequier-Zalc  • 6 juin 2025
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Congrès du PS : tout ça pour ça
Olivier Faure, premier secrétaire du PS, le soir du second tour des législatives anticipées, le 7 juillet 2024.
© Maxime Sirvins

Depuis sa défaite, de quelques voix, au congrès de Marseille en 2023, Nicolas Mayer-Rossignol (NMR) s’était mis en ordre de bataille avec un objectif unique : faire tomber Olivier Faure pour prendre la tête du Parti socialiste (PS) en 2025. Le maire de Rouen vient d’essuyer un nouvel échec.

Pourtant, NMR avait mis toutes les chances de son côté : rassembler tous les opposants du premier secrétaire, sans qu’aucun projet politique ne se dégage vraiment. Que propose cet agrégat, bruyant dans les médias, mais si faible politiquement ? Une chose est toutefois certaine : ils haïssent Jean-Luc Mélenchon et La France insoumise. Et voulaient faire payer à Olivier Faure ses alliances successives, en 2022 et en 2024, avec l’ancien sénateur socialiste.

Sans la Nupes et le NFP, le PS serait mort

Pourtant sans la Nupes puis le NFP, le Parti socialiste serait sans doute déjà mort. Sans groupe parlementaire à l’Assemblée nationale. Sans tribune politique. Cela semble incontestable et devrait interroger les partisans du texte d’orientation porté par Nicolas Mayer-Rossignol. Depuis 2017, la vieille social-démocratie ne mobilise plus, ne convainc plus. Pour cause : elle a tellement déçu. Incapable de changer la vie des gens. Impuissante à sortir du néolibéralisme. Oubliant les travailleurs et l’industrie.

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C’est d’ailleurs sans doute le seul bilan à tirer de ce congrès : le PS se voit encore comme un beau bateau de croisière. Une illusion. C’est un vieux rafiot qui, même pour son congrès, ne mobilise guère plus de 20 000 personnes. Un vieux rafiot où les derniers matelots continuent de s’entretuer malgré le récif qui se rapproche.

Le PS est un vieux rafiot qui, même pour son congrès, ne mobilise guère plus de 20 000 personnes.

Cet étoc, c’est le Rassemblement national (RN). Et lui ne tergiverse pas dans son ascension qui devient, de jour en jour, toujours plus irrésistible. Se rassurer en lisant Bertolt Brecht n’y changera rien. Pour lutter face à l’extrême droite, il faut avoir un projet politique ambitieux – où sont les idées ? –, une vision stratégique claire, une conscience du moment. Au Parti socialiste, on peine à trouver une trace de ces trois ingrédients indispensables. Il y a seulement des conflits internes qui semblent n’intéresser qu’eux, vu le peu d’intérêt médiatique qu’a suscité l’avant/pendant/après vote du premier secrétaire.

Deux ans de guéguerres

Comment, alors, ne pas questionner l’accord de non-censure avec le gouvernement Bayrou. Une décision de « responsabilité » pour « changer la vie des gens », selon Olivier Faure. Ou plutôt un coup politique pour se démarquer du NFP – et, notamment, de LFI, à quelques mois du Congrès des roses ?

Durcissement sans commune mesure de la régularisation des sans-papiers. Ministre de l’Intérieur qui court après l’extrême droite. Rien, ou si peu, sur les retraites. Budget austéritaire en prévision, avec la TVA sociale en guise de cadeau au patronat. Suspension de MaPrimeRénov’. Au vu des changements dans « la vie des gens » ces derniers mois, on opterait donc pour la seconde option.

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Deux ans de guéguerres internes n’auront donc rien changé. Olivier Faure est réélu. Le PS reste divisé. Deux ans nous séparent de la présidentielle. Une question désormais se pose : vont-ils, enfin, se mettre au travail avec les autres composantes de la gauche pour éviter le pire ?

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Parti pris

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