« Unplugged (20th anniversary) » d’Alicia Keys : simple et soul

La réédition, vingt après sa parution, du concert Unplugged d’Alicia Keys nous replonge à l’aube dorée d’une longue carrière.

Pauline Guedj  • 11 octobre 2025 abonné·es
« Unplugged (20th anniversary) » d’Alicia Keys : simple et soul
© Jamie McCarthy / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / Getty Images via AFP

Unplugged (20th Anniversary) / Alicia Keys / Legacy.

En 2023, Alicia Keys lançait à Broadway sa première comédie musicale, Hell’s Kitchen. Dans ce spectacle, la chanteuse, pianiste, auteure-compositrice revenait, grâce à un casting de qualité, sur son enfance à Hell’s Kitchen, quartier alors déshérité de Manhattan dont elle se décrit comme la progéniture. À coups de saynètes et de ballets d’ensemble, la créatrice du spectacle évoquait des tranches de vie, démontrait le rôle de la ville et de ses ressources dans son éducation artistique, et retraçait sa formation rigoureuse de musicienne.

Accompagnant le récit, les chansons, empruntées surtout au répertoire classique d’Alicia Keys – « Fallin’ », issu de son premier album Songs in A Minor paru en 2002, « If I Ain’t Got You », son morceau signature, « No One », « Girl on Fire », « Empire State of Mind »… –, avaient été réarrangées, repensées pour être mises en scène au milieu de décors amovibles. Dans ce monde de la comédie musicale, les compositions d’Alicia Keys se voulaient explosives et festives.

Élan de jeunesse

Après cette grand-messe, justifiée par une longue trajectoire artistique, la réédition de l’album Unplugged, enregistré il y a vingt ans, permet à la fois de se replonger dans le volet acoustique de la discographie d’Alicia Keys et de la saisir à un moment où sa carrière se définissait. Conviée par MTV, Alicia Keys était devenue avec cette prestation la seule artiste africaine-américaine à figurer dans une série qui avait déjà rassemblé Nirvana et Eric Clapton.

Nous sommes en 2005, elle n’a que 24 ans, et elle propose ici une quinzaine de morceaux, captés tantôt seule, tantôt accompagnée d’un groupe fourni, comprenant des cuivres et des chœurs finement arrangés. Au piano, Alicia Keys impose son talent d’instrumentiste lorgnant vers Ray Charles et Mary Lou Williams. À la voix, elle se dessine sensible et virtuose, plus subtile que sa comparse Beyoncé, moins en force ; le son moins gorgé d’effets.

Au fil de l’album, plusieurs titres brillent : une prière a cappella, « Heartburn » et ses cuivres funky, « Unbreakable » et sa saveur vintage soul. Réduits à l’essentiel, ces morceaux laissent transparaître une aisance, un naturel, peut-être élan de la jeunesse, qui émeut et fait taper du pied.

Recevez Politis chez vous chaque semaine !
Abonnez-vous
Musique
Temps de lecture : 2 minutes