« Paranoïa », une trop lourde conscience de soi

Lisa Charles met en scène une adolescente en proie à la paranoïa.

Lola Dubois-Carmes  • 18 octobre 2025 abonné·es
« Paranoïa », une trop lourde conscience de soi
© Hélène Bamberger

Paranoïa / Lise Charles / P.O.L / 416 pages /22 euros.

Le malaise est omniprésent dans la vie de Louise. Après plusieurs années passées sur un tournage de série télévisée, l’adolescente fait sa rentrée en première dans un prestigieux lycée parisien. Chacune de ses interactions est marquée par une conscience aiguë d’elle-même, presque comme si la caméra ne s’éteignait jamais.

Le thème du cinéma irrigue d’ailleurs le livre, que ce soit par les descriptions visuelles de la narratrice (Louise devenue adulte), par la description de castings, ou par l’atmosphère hitchcockienne de certaines scènes. Mais en dépit de cette anxiété de l’ego, l’adolescente est entourée de personnages aux personnalités profondes, donnant chair à une chronique lycéenne réaliste et contemporaine. Jusqu’au déraillement.

Aux trois quarts du livre, sans qu’il soit véritablement expliqué, un deuil survient et le monde change : le récit prend alors un tour surnaturel et se nimbe de mystères. La paranoïa, déjà présente dans la première partie du roman, s’épaissit. Louise est dans un château dans lequel elle rencontre le prince de Marsillac, double à peine voilé de La Rochefoucauld, qui l’abonde de maximes sur l’amour-propre et la culpabilité. Ce château n’en finit pas de révéler ses mystères et ses personnages étranges. L’autrice y tisse un dense réseau d’allusions et de jeux de miroirs qu’il s’agit pour le lecteur de déchiffrer.

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Littérature
Temps de lecture : 1 minute