L’avertissement de Bové au PS

Michel Soudais  • 14 mars 2007
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José Bové a vivement réagi , mercredi soir, au «diktat» de Julien Dray qui, le matin, avait déclaré ne pas souhaiter sa présence au premier tour. Le candidat altermondialiste, à qui il manque une trentaine de parrainage, «ne donne plus aucune consigne» pour le second tour, tant qu’il ne saura pas «si la démocratie peut fonctionner dans ce pays» .

Mercredi matin, dans un entretien à France soir , José Bové déclarait encore qu’il ferait «voter pour le candidat de gauche le mieux placé» . Il n’avait jamais tenu un autre discours depuis son entrée en campagne, comme il l’a rappelé lui même, devant deux à trois cents personnes réunies à Nanterre, en expliquant qu’il avait souvent eu du mal à faire admettre ce point de vue auprès de ses partisans.

Après les déclarations de Julien Dray, porte-parole de Ségolène Royal, le syndicaliste paysan change de ton et refuse de se faire tondre sans réagir. Décidant de mettre « entre parenthèse » tout ce qu’il pouvait dire auparavant sur la «petite différence» entre la droite et la gauche, il a déclaré: « Ce soir, à l’heure qu’il est je ne donne plus aucune consigne, je ne dis rien. J’assume. J’attend de savoir si la démocratie peut fonctionner dans ce pays. Je ne peux pas accepter ce type de diktat. Le PS n’a aucune légitimité pour dire qui doit ou qui ne doit pas se présenter aux élections présidentielles. »

### «Une présidentielle ce n’est pas du témoignage»
Sur RFO télévision, Julien Dray , porte-parole de Ségolène Royal, a accusé mercredi l’extrême gauche de considérer les socialistes comme «la tête à claques idéale» et de se complaire dans une «posture» radicale, au risque de faire gagner la droite.

Concernant José Bové , le porte-parole socialiste a reconnu ne pas souhaiter sa présence au 1er tour : «Je n’ai pas envie qu’il soit candidat parce que j’ai envie que (Ségolène Royal) arrive le plus haut possible au premier tour.»

«Une élection présidentielle, ce n’est pas du témoignage, (…) il s’agit d’élire le président de la République, il ne s’agit pas simplement d’une posture sympathique» , a estimé Julien Dray.
Selon lui, «si maintenant pour des postures, on arrive à faire gagner la droite, alors il y a une vraie question qui est posée» .

Invité à préciser sa position, José Bové a ajouté: « Ce sont l’ensemble des électeurs qui choisiront, qui assumeront, comme ils l’ont fait à d’autres moments. Il faudra que le PS assume aussi sa propre réalité et qu’il ne prenne pas les Françaises et les Français comme des petits soldats qu’on fait obéir et qu’on fait fonctionner au chantage. »
### Claire Villiers ne veut pas céder à la provocation
Intervenant peu après, Claire Villiers , l’une des porte-parole de la campagne Bové, «ne pense pas» que Julien Dray ait exprimé «une opinion à titre individuel» , même s’il est « bien connu pour ses provocations répétés » . Néanmoins, la vice-présidente du conseil régional d’Ile-de-France (Alternative citoyenne) a rappelé que la candidature collective représentée par José Bové n’était « pas un coup » , mais avait « l’ambition » et le « projet stratégique » de « construire une nouvelle gauche » . « Nous sommes entrés dans un chemin qui est long , a-t-elle dit, et cela exige d’avoir des nerfs d’acier et justement de ne céder à aucune provocation. »
«Parce que l’ultralibéralisme c’est la guerre mais aussi le recul des libertés, je crois (…) qu’il ne faudra jamais confondre la droite et la gauche» , a-t-elle poursuivi. «Sarkozy à l’Elysée c’est une catastrophe pour tout le monde. Je crois qu’il faudra réfléchir extrêmement fort avant de prendre une quelconque décision.»

Temps de lecture : 3 minutes
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