Sarkozy, champion du gagnant-gagnant

Michel Soudais  • 13 mars 2007
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La ristourne accordée à Nicolas Sarkozy, lors de l’achat de son duplex, ne devait rien à ses beaux yeux, ni même à ses talents d’avocat d’affaire, découvre-t-on cette semaine à la lecture du Canard enchaîné . Elle tiendrait plutôt à un accord gagnant-gagnant, comme disent certains candidats, entre le vendeur et l’acheteur.

Pour vous la faire bref, le Canard affirme que le promoteur immobilier Lasserre, qui a consenti une ristourne au couple Sarkozy, avait auparavant obtenu un rabais sur les terrains municipaux où a été construit l’immeuble.

Selon l’hebdomadaire satirique, « l’opération peut se résumer à un joli coup de bonneteau sur les droits à construire que le groupe Lasserre était tenu de verser à la ville de Neuilly pour pouvoir édifier trois immeubles sur l’île de la Jatte » , et « notamment celui dans lequel Cécilia et Nicolas ont acheté leur duplex avec plus de 300.000 euros de réduction » .

L’hebdomadaire explique que le promoteur a été autorisé à acheter en deux fois les terrains concernés, la deuxième partie de l’opération s’étant faite à un prix inférieur de 20%, « une sorte de crédit gratuit » , selon un haut fonctionnaire parisien spécialisé dans ce domaine, cité par le Canard .

« En deux ans, les prix ont baissé de 20% et le promoteur Lasserre a économisé 2.000 F par mètre carré, soit un total de 5.080.000 F (775.000 euros). Autant de moins pour les caisses de la ville de Neuilly » , écrit l’hebdomadaire. Il est vrai que ce n’est pas la ville la plus démunie de France…

Et le logement social?

Le ministre de l’Intérieur répond à cette accusation dans les mêmes colonnes, en affirmant que « la ville de Neuilly et la Sem 92 ont fait face en 1997 à un effondrement du marché immobilier » . M. Sarkozy ajoute que « dans ce contexte les nombreux promoteurs contactés se refusaient à réaliser la troisième tranche de l’île de la Jatte » . Pour la Sem des Hauts de Seine, « il était indispensable de vendre les terrains et c’est ainsi qu’elle a cédé des parcelles de la troisième tranche au prix adapté à la réalité du marché au seul promoteur qui acceptait de s’engager sur la réalisation de cette troisième tranche » , explique encore M. Sarkozy.

Répondant à ces affirmations, l’hebdomadaire satirique conteste la réalité de l’ « effondrement du marché immobilier » au cours de l’année 1997 mis en avant par le ministre de l’Intérieur et souligne que la chute du marché date de 1992-1993 et non 1997.

C’est la troisième semaine que l’hebdomadaire satirique accuse le ministre-candidat d’avoir bénéficié de faveurs pour l’achat de son appartement de Neuilly, qu’il a depuis lors revendu. A chaque fois, nos confrères du célèbre palmipède fournissent des preuves de ce qu’ils avancent. Mais, par on ne sait trop quelle timidité, les grands médias répugnent à se faire l’écho de leurs informations. Elles suscitent pourtant quelques questions dans tout esprit curieux.

En voici une, à titre d’exemple: Nicolas Sarkozy, on le sait, explique le faible nombre de logements sociaux à Neuilly (3%) par l’absence de terrain constructible. Pourquoi n’a-t-il donc pas profité de ce refus des promoteurs pour donner une affectation sociale à ce terrain municipal ?

Temps de lecture : 3 minutes
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