Aaa la Bastille, ♫…

La Marche pour la 6e République organisée dimanche dernier par le Front de gauche résume bien la dynamique de la campagne de Jean-Luc Mélenchon que constatent sondeurs et commentateurs. Retour en photos sur un surgissement populaire que d’aucuns ont voulu minimiser.

Michel Soudais  • 23 mars 2012
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Pendant le discours de Jean-Luc Mélenchon


Au lendemain de la démonstration de force de Jean-Luc Mélenchon et du Front de gauche à la Bastille, la minimisation de l’évènement a pris trois formes.
1. Félicitation, maintenant passons aux choses sérieuses. C’est sans le caricaturer le commentaire fait par Gérard Filoche sur son blog. «C’est la première fois, en pleine campagne électorale, qu’un candidat osait appeler à une manifestation de rue» , écrit l’animateur de Démocratie & socialisme (gauche du PS) qui en salue le succès d’affluence. Et en conclut qu’il faut assurer la victoire de François Hollande en votant pour lui à chaque tour, car «le danger d’un nouveau 21 avril n’est pas écarté» [^2] et parce ce qu’ «il est important» que le candidat du PS «soit en tête au 1er tour» .
2. Ce n’était que l’acmé d’une protestation. Avant de suspendre sa campagne en raison de la tuerie de Toulouse, François Hollande a cru bon déclarer sur France-info, où il était interrogé le succès du rassemblement de Jean-Luc Mélenchon la Bastille: « Moi je veux gagner. je ne suis pas dans un jeu de rôle… Je ne peux pas me laisser aller, être dans la surenchère. Ma responsabilité : faire gagner la gauche, déclare Hollande. Je me mets dans la situation de pouvoir diriger la France demain. Pas faire un charivari. » Passons vite sur le sous-entendu mesquin (Hollande est celui qui veut faire gagner la gauche, Mélenchon celui qui veut la faire p…). Un charivari est selon la définition du Petit robert , «un bruit discordant accompagné de cris et de huées» . Discordant par rapport au programme de François Hollande, et c’est lui qui le dit.

3. Un événement, où ça? Parmi ceux qui n’ont rien vu de ce qui s’est passé dimanche entre Nation et Bastille, le journaliste Patrick Jarreau emporte la palme. Dans un cours billet publié lundi après-midi, le chef du service France du Monde écrit que Jean-Luc Mélenchon «n’a pas attiré place de la Bastille davantage que le public escompté» , soit 20.000 à 30.000 personnes si l’on se reporte à l’édition du Monde du 16 mars qui faisait état du nombre de manifestants espérés par le Front de gauche. Notre confrère ayant revendiqué il y a quelques jours le droit à la partialité, on ne lui reprochera pas de l’exercer.

Voici donc quelques photos personnelles d’«un beau charivari à la fréquentation ordinaire».

[^2]: Quels que soient les sondages, il se trouvera toujours des solfériniens pour le faire croire. L’argument ne relève pas de l’ordre rationnel mais de la foi.

Ni la banderole de tête, ni les personnalités du conseil de campagne qui défilaient derrière elle n'apparaissent dans ce reportage. Pour cela il fallait accéder à un espace que ménageait le service d'ordre en tête de la manifestation. Quand j'ai pu y entrer en échange de la sortie d'un autre photographe, une attachée de presse du candidat m'en a éjecté dans la minute, appliquant à mon endroit un traitement personnalisé que rien ne justifie.
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