Compte à rebours du climat. La majorité parlementaire des USA aux mains des ennemis de l’écologie et de la lutte climatique

Claude-Marie Vadrot  • 9 novembre 2014
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382 jours. C’est le temps qui reste à la planète et aux politiques avant le début de la 21° conférence sur le climat qui se tiendra prés de Paris, au Bourget, à partir du 30 novembre 2015, après avoir été préparée à Lima en décembre 2014. Le temps des décisions. Comme le temps passe inexorablement très vite pour le dérèglement climatique fait de réchauffement, de tempêtes, de froid inattendu, de graves variations pluviométriques, d’erreurs d’appréciation et de dénis, il est déjà urgent et nécessaire d’en tenir une chronique politique, scientifique et économique. Le lecteur trouvera donc régulièrement ici les informations, bonnes ou mauvaises, liées au réchauffement de la planète et à la froideur ou à l’indifférence des politiques qui s’agitent en paroles, paroles, paroles…

L’une des conséquences de la défaite des Démocrates à la Chambre des Représentants et surtout au Sénat américain est que la réflexion et les discussions sur le dérèglement climatique vont être enterrées par les Etats Unis. Alors qu’Obama et les parlementaires démocrates faisaient déjà preuve d’une grande timidité en dehors de leurs discours. Les conséquences s’en font déjà sentir et s’en feront sentir dans les discussions préparatoires à la Conférence de Lima. L’enterrement de la discussion climatique sera organisé par le sénateur James Inhofe qui va devenir dans quelques semaines le président du Comité Sénatorial sur l’Environnement du Sénat. La campagne qui a mené à sa réélection a été financée par les frères Koch, les deux milliardaires du pétrole et de l’agrobusiness qui ont dépensé des millions de dollars pour faire élire les parlementaires les plus conservateurs et résolument « anti-réchauffistes ». Il est connu pour sa farouche opposition a la ratification du Protocole de Kyoto, pour expliquer sans relâche que le réchauffement climatique n’est pas lié aux activités humaine et pour avoir déclaré en 2003 à la tribune du Sénat américain: « Il se pourrait bien que l’hypothèse d’une cause humaine du réchauffement climatique soit une des pires plaisanteries proférées à l’encontre du peuple américain » . Affirmation qui correspond au contenu de son livre « La grand mensonge, comment le complot du réchauffement climatique menace votre avenir » . Ce représentant de l’Oklahoma explique d’ailleurs dans ses discours que le réchauffement n’est qu’un complot pour imposer des régulations aux industriels et n’a pas hésité à comparer l’Agence pour la Protection de l’Environnement des Etats Unis à la Gestapo.

Il pourra compter sur de nombreux nouveaux élus américains, essentiellement les Républicains qui sont majoritaires dans les deux chambres parlementaires, pour obtenir le refus systématique de toutes les actions en faveur de la protection de l’environnement et pour « qu’on fiche la paix aux industriels du pétrole et du charbon, aux partisans de l’exploitation des gaz de schiste et que l’on ne donne aucun mandat de négociation aux représentants des Etats Unis aux conférences sur le climat » . James Inhofe sera appuyé dans ces revendications par la nouvelle sénatrice de l’Iowa, Joni Ernst, qui va militer activement pour la suppression de l’Agence de Protection de l’Environnement.

L’échec électoral des groupes de pression animés par des écologistes et la majorité des scientifiques américains va donc lier les mains du Président Obama et libérer les industriels qui considèrent que pour « sauver le modèle américain » il faut éviter toutes réglementations , aux Etats-Unis et dans le monde, susceptibles de limiter, surveiller et mettre en cause leurs activités polluantes.

Le grand perdant des dernières élections, ce n’est donc pas le parti Démocrate, mais la protection de l’environnement et le climat de la planète.

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