Défense de l’abstention…

…et des abstentionnistes

Bernard Langlois  • 28 mars 2015
Partager :

Et voici qu’on cherche encore à nous couvrir d’opprobre, nous autres qui n’irons point  » aux urnes  » ce dimanche.

 » Nous autres « , soyons clair, ici, n’engage que moi.

Mais je doute d’être isolé dans ce refus d’une mascarade électorale, tant dans le lectorat de ce blog (et au-delà, de ce journal) que dans l’ensemble de cette mouvance qu’on appelle  » la gauche de la gauche « , qui est tout simplement  » la gauche « .

Car que reste-t-il de gauche [^2] dans ce parti qui occupe le pouvoir pour finir d’asservir le pays à la Banque, au Marché, au Spectacle ? Comment ose-t-il, ce parti, continuer à s’afficher  » socialiste  » dès lors qu’il a tout renié, tout foulé aux pieds de cette grande utopie libératrice et solidaire pour laquelle tant de militants sincères ont, dans les luttes, tout au long du siècle dernier, donné leur sueur, leurs larmes, leur sang ?

Voilà du reste un point d’accord avec Manuel Valls, qui, du temps qu’il n’était pas encore l’homme fort du régime, avait suggéré un changement de nom (et donc de raison sociale) pour une formation politique devenue aussi bourgeoise et avide d’honneurs (en rubans), de richesse (en liasses) et de jouissances (en tous genres) que les autres, celles qu’on dit par convention  » de droite « . La direction de l’époque, singulièrement Martine Aubry, lui avait tapé sur les doigts : Comment osait-il ? Le parti de Jaurès, une aussi belle marque ! …

Valls… Grandi dans les palais de la République et qui n’a jamais songé à rien faire d’autre que de la politique. Né sous Rocard, mûri sous Jospin et aujourd’hui qu’il touche au but, se réclamant de Clemenceau… Valls, homme de pouvoir s’il en est, si tant est que le pouvoir se confonde avec la communication, cette religion des temps modernes…

Le dernier à avoir tenté d’être encore (un peu) fidèle à des valeurs qui ne soient pas boursières fut Jospin : « Oui à l’économie de marché, non à la société de marché » , se plaisait-il à dire, et ce n’était pas complètement dénué de sens.

Comme avait encore un sens cette recherche, entamée dès les années 80, d’une gauche plurielle, associant socialistes, communistes, écologistes, alternatifs, dans un combat frontal contre une droite dont les références au gaullisme étaient depuis longtemps obsolètes et d’une extrême droite qui pointait le bout de son nez.

Politis fut longtemps le chantre de cette  » belle alliance  » rouge-rose et verte, qui fit long feu, après en avoir jeté quelques-uns, de feux…

Ça paraît déjà si lointain, le rocardisme, le jospinisme, derniers avatars d’un socialisme encore à peu près honorable, que la trahison hollandaise rend décidément infréquentable.

(A suivre)

[^2]: Hors la gaucherie d’un président aux bras ballants…

Publié dans
Les blogs et Les blogs invités
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don