Le long calvaire des réfugiés

Le festival international de photojournalisme Visa pour l’image, à Perpignan, propose au grand public une bonne vingtaine d’expositions. Sixième volet de cette série, le travail de Lynsey Addario sur les réfugiés syriens au Moyen-Orient. Un témoignage, étiré sur trois années, et terriblement actuel.

Jean-Claude Renard  • 6 septembre 2015
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Le long calvaire des réfugiés
Photos : Lynsey Addario

Dans le camp de Zaatari. Septembre 2013. Le lendemain matin de leur passage en Jordanie, une famille syrienne s’enregistre auprès de l’accueil de l’agence des Nations unies pour les réfugiés. Les enfants sont au premier plan, les mères juste derrière, les hommes suivent. Dans l’encadrement d’une porte grillagée se perçoit l’urgence, s’animent les tensions. « Le camp n’a cessé de grossir, jusqu’à devenir la quatrième plus grande ville du pays par la population » , remarque Lynsey Addario. On s’organise dans le chaos. Certaines femmes, séparées de leurs maris, ont abandonné leur place traditionnelle et leurs tâches domestiques pour travailler et subvenir aux besoins de leur famille. Sans l’espoir de jours meilleurs. On lutte aussi pour sa ration de pain quotidienne distribuée par le Programme alimentaire mondial. Ce n’est pourtant qu’une galette de pain. Mais « il arrive souvent que les réfugiés, désespérés, se battent pour la nourriture » , rapporte la photographe.


Illustration - Le long calvaire des réfugiés


Le drame est là, lourd, pesant. Il date déjà. C’est l’un des intérêts de ce reportage au long cours exposé cette année à « Visa pour l’image ». A l’instar de Giulio Piscitelli qui a suivi plusieurs années les réfugiés, jusqu’en Europe (http://www.politis.fr/Les-migrants-face-a-l-Europe,32256.html), voilà trois ans que la photographe américaine couvre le calvaire des Syriens, ballottés à travers le Moyen-Orient, au Liban, en Turquie, en Jordanie ou encore en Irak, concentrant son objectif sur la souffrance physique et psychologique des réfugiés.


Illustration - Le long calvaire des réfugiés


Une constance dans la photographie de Lynsey Addario : l’équilibre dans les images, dans le déséquilibre des situations. Ainsi, à la frontière irakienne, à Sahela, empruntée par les Syriens, des milliers de bouteilles d’eau en plastique écrasées jonchent la terre battue. Ce sont les seules traces d’un passage éprouvant et désolé. D’une frontière à l’autre, ce sont des familles éclatées, trimbalant un maigre sac d’affaires avec elles, parfois une valise ou deux. Les mères portent à bout de bras leurs enfants, un père accompagne ses filles vers un improbable ailleurs. Des enfants qui se ressemblent, comme ils ressemblent à ce môme de trois ans, échoué sur une plage turque.

Visa pour l’image , Lynsey Addario, « Les réfugiés syriens au Moyen-Orient », couvent des Minimes, jusqu’au 13 septembre (10h-20h). Entrée libre.


Illustration - Le long calvaire des réfugiés

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