Réchauffement climatique: tous les records battus en 2015

Dans un rapport de 300 pages 456 scientifiques annoncent que le dérèglement climatique s’accélère et la température atteint 37° en Sibérie…

Claude-Marie Vadrot  • 3 août 2016
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La température sibérienne a atteint ces derniers jours, le niveau record de 37°. Chiffre largement supérieur à la moyenne habituelle qui illustre un véritable emballement du dérèglement climatique constaté et attesté par les scientifiques et les organismes météo, chargés de procéder aux relevés et aux calculs des moyennes sur l’ensemble de la planète. D’après un rapport « Etat du Climat », 300 pages fruit du travail de 465 spécialistes répartis dans 62 pays, étude publiée par le NOAA américain, le National Oceanic and Atmopsheric Administration, tous les indicateurs du changement climatique ont viré au rouge au cours de 2015 et l’année en cours promet déjà de pulvériser tous les records. Qu’il s’agisse de l’élévation des températures moyennes, de la teneur de l’atmosphère en CO2 ou en méthane, de la montée des mers, de la fonte des glaces ou des banquises ou des grands incendies comme ceux de la Californie ou de la Russie.

Une planète qui change

Cette étude publiée pour la 26 ème fois, mais dans une édition spéciale en raison de l’augmentation des menaces, par la Société américaine de Météorologie, met l’accent sur le fait que la plupart des records battus en 2015, avaient été, pour la plupart, été établis l’année précédente. « Les résultats nous aident à comprendre, explique Thomas Karl, le directeur du NOAA_, à quel point notre planète est en train de changer et comment risque d’être l’avenir si nous ne diminuons pas rapidement nos émissions de gaz à effet de serre »._ Il en veut pour preuve que la température moyenne du globe a grimpé de 0,1 degré en une seule année. Ce qui situe l’augmentation moyenne à 1,5 degré depuis la fin du XIX ° siècle. Chiffre qui balaye les calculs, plus politiques que météorologiques, de la conférence de Paris sur le climat qui s’est donné comme objectif de limiter le réchauffement en dessous de 2°. Un objectif que les scientifiques du GIEC, comme Jean Jouzel, ont jugé irréaliste compte tenu de la faiblesse des engagements pris par les participants à la conférence de décembre dernier.

Epidémie de charbon en Sibérie

Les conséquences de cette nouvelle poussée de fièvre, se mesurent, par exemple, dans la fonte des glaces dans l’Arctique, l’Antarctique, le Groenland, l’Alaska et évidemment la Sibérie où le permafrost (zone de la toundra autrefois gelée en permanente) s’est poursuivi en profondeur. Non seulement ce phénomène libère des quantités extraordinaires de méthane et de gaz carbonique emprisonnés dans les glaces, mais il révèle de nouveaux dangers jusqu’alors inconnus. En témoigne l’épidémie de « maladie du charbon », qui fait actuellement des victimes, animales et humaines, en Sibérie. Une épidémie qui est attribué à la décomposition d’un renne congelé il y a une quinzaine de milliers d’année dans le permafrost. Une décomposition qui a libéré dans l’air et chez les prédateurs carnivores, une bactérie très dangereuse, le Bacillius anthracis. Une maladie (devenue très rare) qui n’est pas contagieuse mais est souvent mortelle et ne se soigne qu’avec des antibiotiques très puissants qui doivent être administrés dés le début de l’affection. Les médecins estiment que les sous-sols gelés en permanence peuvent abriter de nombreuses bactéries ou des virus auxquels les animaux et être humains n’ont pas ou non plus la faculté de résister.

…Et la mer monte toujours…

Les météorologues dont les travaux ont été coordonnés par la NOAA, ont également constaté que la hausse des mers se poursuivait et même s’accélérait dans l’Océan indien et dans la Pacifique. Conséquence de la fonte des banquises et de nombreux glaciers mais aussi d’une année record en ce qui concerne les pluies partout dans le monde. Ce qui n’a pas empêché, en raison de la concentration des zones « arrosées », les sécheresses de se multiplier, leurs surfaces augmentant de 14 % pour 2015 contre 8 % l’année précédente. Ils remarquent aussi que les phénomènes de prolifération d’algues dangereuses pour toutes les formes de la vie marine se multiplient en raison de l’augmentation des températures de l’eau des mers et océans.

De quoi mobiliser les scientifiques lors de la conférence climatique de Marrakech en novembre prochain car cette aggravation prévisible et prévue ne semble guère émouvoir les dirigeants politiques se rassurant avec l’accord en trompe l’œil signé à Paris fin 2015 mais que peu de pays ont pour l’instant ratifié.

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