En France on assassine bien le bio…

Pour complaire à la FNSEA, le gouvernement supprime les aides à l’agriculture biologique

Claude-Marie Vadrot  • 25 septembre 2017
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En France on assassine bien le bio…
Cette année, faut de suffisamment d'abeilles ce cerisier de Sibérie du Loiret a donné peu de fruits

Entre l’UFC-Que choisir qui a fait semblant à la fin du mois d’août de croire que l’existence du bio ne dépendait que des grandes surfaces et le gouvernement qui vient d’annoncer que les aides à l’agriculture bio seraient supprimées dés 2018, les offensives contre une autre pratique agricole se multiplient. Sans oublier les proclamations de la FNSEA qui réclament la libéralisation des l’usage des pesticides, des produits tueurs d’abeilles de moins en moins nombreuses, et exigent la poursuite de l’usage du glyphosate, celui de Monsanto ou des autres trusts de l’industrie chimique.

Ayant transformé les produits bio d’origines incertaines en produits d’appel vendus avec des marges plus que confortables, les grandes surfaces veulent tout simplement se débarrasser, à terme, de produits dont la conservation est plus difficile à assurer. Donc, ils font un bénéfice scandaleux sur cette alimentation alternative en espérant sa disparition rapide. Quand à l’UFC-Que Choisir, elle oublie simplement que plus de la moitié des produits bios, bruts ou conditionnés, se vendent sur les marchés, à la ferme et dans des boutiques spécialisées. Là où les prix sont rarement supérieurs à ceux des légumes, des œufs, des fruits, des fromages ou des conserves artisanales de l’alimentation industrielle. Tout simplement parce qu’ils ne se vendraient pas. Mêmes constations, d’ailleurs, lorsque cette alimentation passe par des milliers d’Amap : avec une meilleure rémunération du paysan et un moindre coût pour le consommateur.

Suscitée par les dossiers de communication généreusement distribués par la FNSEA avec l’aide financière de l’agrochimie, relayée par les tenants de « l’agriculture raisonnée » inventée par la nouvelle présidente de ce syndicat agricole dominant , il y a une vingtaine d’années, l’agriculture intensive se lance directement ou indirectement à l’assaut du bio. En constatant que, soit par conviction, soit par souci de leur santé ou encore pour produire en dépensant moins pour leurs intrants, les pratiquants de l’agriculture biologique sont de plus en plus nombreux. Alors comme il ne faut pas faire de peine à cette FNSEA, tous les moyens sont bons pour remettre en cause les artisans d’une meilleure alimentation et de pratiques qui ménagent les terres. Tout en continuant à organiser les subventions ou les aides aux céréaliers et aux élevages intensifs.

D’où cette volonté du gouvernement Macron de « laisser le marché soutenir le maintien de l’agriculture bio ». En supprimant les aides et des primes qui permettent à cette agriculture à atteindre puis à maintenir une rentabilité raisonnables. Une suppression qui est d’ailleurs contraire à la réglementation européenne et à la PAC. Et en confiant aux élus départementaux ou régionaux, mais sans la moindre obligation, le soin de distribuer des aides aux paysans pour les services qu’ils rendent à l’environnement.

De toute évidence, le nouveau gouvernement et son ministre de l’agriculture ont entrepris de « tuer » la bio pour rendre service aux agriculteurs intensifs et aux producteurs d’engrais et de pesticides de synthèse. Et aussi aux coopératives agricoles qui vivent en grande partie de la vente de ces produits à leurs membres.

Ce faisant la France laisse l’Allemagne, l’Autriche, l’Espagne ou l’Italie à développer de plus en largement une agriculture différente et sans risque ; tandis que les Assises de l’Alimentation laissent les agriculteurs intensifs se disputer leurs parts de bénéfices sur le dos de tous les paysans.

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