La peau de l’homme

Claude-Marie Vadrot  • 19 juillet 2007 abonné·es

Décidés à vendre chèrement leur peau (alors que des éleveurs et des députés des Hautes-Pyrénées ont demandé à Nicolas Sarkozy le « retrait immédiat » de leur congénère Franska pour cause « d’attaques répétées » contre les troupeaux ovins), les ours pyrénéens, émigrés slovènes et autochtones, ont entamé une grève de la faim. Avec une revendication simple : la capture et la délocalisation en région parisienne du député Jean Lassalle, l’un des rares rescapés aux législatives du MoDem. Les ours se plaignent du harcèlement dont ils sont à nouveau l’objet de sa part et d’une nouvelle association de bergers et de chasseurs « Pour le développement durable de l’identité pyrénéenne », dont la seule obsession est la capture de Franska. Regroupement de mauvaises volontés qui ne dépasse pas deux cents personnes dans toutes les Pyrénées. Parole d’ours !

Le collectif des ours compte au moins une vingtaine d’individus, sept Slovènes, leurs enfants, et deux mâles pyrénéens. Il a demandé à rencontrer la secrétaire d’État à l’Écologie pour lui expliquer que les éleveurs ne peuvent pas à la fois recevoir près d’un million d’euros d’aides spécifiques par an et les harceler à coups de fusil. Depuis quelques jours, sous le regard indifférent des gendarmes, une bande de furieux, des éleveurs dont le troupeau n’est qu’une activité secondaire, parcourent la montagne en tirant dans tous les sens pour tenter de faire fuir Franska vers la plaine, où ils imaginent que l’on ne pourra qu’organiser sa capture. Elle est accusée d’avoir provoqué la mort de 94 brebis en Ariège : les experts envoyés sur les lieux n’ont trouvé aucune trace d’ours. Les brebis, mauvaises montagnardes et laissées seules depuis plusieurs jours, auraient été victimes de leur panurgisme bien connu ou d’un groupe de chiens errants les ayant effrayées. Les ours, très remontés contre certains bergers, rappellent qu’en 2006, sur les 600 000 brebis estivant dans les Pyrénées, ils n’en ont bouffé que 200, 20 000 autres ayant été tuées par des chiens dont ils réclament l’éradication.

Et ils avertissent : si nous partons, il n’y aura plus d’aide, et les 150 postes de bergers financés par le ministère de l’Écologie seront supprimés. Ils menacent également de rendre publics les comptes de l’Institution patrimoniale du Haut-Béarn, dirigée par Jean Lassalle, et dont le budget a été dénoncé le 9 juillet par la Cour régionale des comptes. Ce qui pourrait entraîner la délocalisation du député vers la Slovénie. Il n’est pas impossible qu’au terme de cette grève de la faim et du tourisme, le syndicat des ours décide leur départ vers le parc national des Abruzzes italien ou vers celui de Somiedo (Espagne), où on leur fout une paix royale.

Écologie
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