L’art de la manipulation

Georges Werler nous offre un exemple de théâtre américain indépendant.

Gilles Costaz  • 23 septembre 2010 abonné·es

Homme discret du théâtre français, Georges Werler met à la fois en scène Michel Bouquet dans Le roi se meurt de Ionesco à la Comédie des Champs-Élysées – un spectacle évidemment recommandable, mais qui ne relève pas des découvertes ! – et, dans la modeste salle du Petit-Saint-Martin, une pièce inédite en France de Lanie Robertson, D ernière Station avant le désert. Discret et fidèle, tel est Werler puisqu’il monte obstinément cet auteur américain (notamment un texte remarquable sur le photographe Stieglitz, Alfred aime O’Keeffe ). C’est vraiment l’exemple d’un théâtre indépendant aux États-Unis, comme il y a un cinéma indépendant. La nouvelle pièce, représentée au Texas, a même suscité la fureur de certains Texans qui ont mis l’auteur à l’index et l’ont menacé de mort.

Quand la pièce commence, on croit assister à un remake de Le facteur sonne toujours deux fois. Dans une station-service de fin du monde, une séductrice embobine un jeune homme fragile et lui demande de tuer son vieux mari. Mais la parenté avec le roman de James M. Cain s’arrête là. Ce n’est pas un drame de mœurs qui se joue. Mais une manipulation politique et militaire. Le style de l’auteur est efficace, un peu carré. Le ­spectacle, lui, est fort et nuancé, Werler s’y étant impliqué avec une bonne équipe (décor de Pace, costumes de Dominique Para) et des acteurs d’une belle nervosité, Frédéric Pellegeay, Florence Muller, Vincent Grass, Emeric Marchand et Benjamin Penamaria.

Culture
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