Lu, vu, entendu

Politis  • 28 octobre 2010
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LU

Christophe Barbier s’inquiète pour la jeunesse, jusqu’à lancer un SOS dans son éditorial (20 octobre) à propos des « lycéens des manifs » jugés « ridicules à singer leurs aînés dans leur logomachie au marxisme décati, à critiquer une réforme qu’ils ne comprennent guère » . Le directeur de l’Express a beau estimer que « l’ordre bourgeois ne craint rien cette fois » puisque « les lycéens n’ont pas de couteaux révolutionnaires entre leurs dents de lait » et que « cette urticaire n’est qu’une acné » , il craint que, « si l’on n’y prend garde, elle [soit] demain le cancer de notre pays, car une jeunesse sans espoir est la pire maladie qui puisse frapper une nation » . L’éditocrate à l’écharpe rouge marche sur les traces de Louis Pauwels, qui accusait les étudiants qui manifestaient contre la réforme Devaquet d’être atteints de « sida mental » .

VU

Invité du « Grand Journal » sur Canal plus, lundi, Rédoine Faïd, spécialiste des braquages de fourgons blindés arrêté en 1998, écoute le chroniqueur de l’émission lire un extrait du livre sur sa vie, Braqueur, des cités au grand banditisme : « Dans la société d’aujourd’hui, [les représentants du grand banditisme] naviguent comme un poisson dans l’eau. Ils sont d’ailleurs sarkozystes. Pour eux, Sarkozy, c’est un boss capable de dire “Casse-toi pauv’con”. Il est blindé, il a une Rolex, et sort avec un mannequin. Quand tu discutes avec eux, ils te disent : “Ce mec, il en a, c’est un taulier”… » « Ils ne disent pas ça, rectifie l’ex-truand. Ils disent : c’est un mac. » La fonction présidentielle a perdu de sa superbe.

ENTENDU

Entendu le 20 octobre à 7 h 40 sur Radio J cette ignominie. Interviewé par Michel Zerbib, Pierre-André Taguieff – que l’on aurait qualifié voici quelques années encore de philosophe – a déclaré que la qualité d’ancien déporté de Stéphane Hessel était une « imposture ». À Buchenwald, a affirmé Taguieff, « sa connaissance de la langue allemande lui a rapidement permis d’obtenir un emploi dans la hiérarchie des gardes-chiourmes du camp » . Il faudrait rappeler à ce monsieur que quelque 130 000 juifs allemands, selon l’historien Raoul Hilberg, sont morts dans les camps. Malgré leur connaissance de la langue allemande. Étonnant aveuglement qui conduit, au nom du soutien à la politique israélienne (car c’est évidemment l’engagement en faveur des droits des Palestiniens que Taguieff reproche à Stéphane Hessel), à user d’arguments aussi douteux.

Les échos
Temps de lecture : 2 minutes
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