Paroles d’étudiants

Claude-Marie Vadrot  • 11 décembre 2013 abonné·es

Depuis cinq ans, plusieurs promotions d’étudiants en communication et environnement du département de géographie de Paris-8 sont invitées à examiner la presse. Beaucoup choisissent la presse gratuite, même si un timide retour vers les payants est constaté. Pour beaucoup, le gratuit est avant tout « plus simple, parce qu’on le trouve à la sortie du métro ». Et les journaux payants sont trop chers : « Un quotidien, c’est le prix d’un sandwich à la cafétéria de la fac. Ce n’est pas négligeable », commentent certains.

Quand on évoque auprès de ces jeunes la possibilité de s’abonner, la réponse fait appel à des considérations économiques, mais pas seulement : « S’abonner pour un an, qu’il s’agisse d’un quotidien ou d’un hebdomadaire, explique Amélie, c’est faire un pari sur l’avenir, c’est penser à demain, ce que je ne fais même pas concernant mon avenir professionnel ! Et puis je crois de moins en moins à ce que racontent les journalistes. » La lecture des gratuits résulterait-elle donc aussi d’une méfiance générale envers la presse ? C’est l’avis d’Étienne, 24 ans : « J’ai l’impression que cela ne m’apporte rien de lire de longs articles. Dans un gratuit, n’importe lequel, j’ai l’essentiel et je suis suffisamment informé de ce qui se passe et des sujets à la mode. À quoi bon spéculer sur des choses que l’on ne peut pas changer ? En lisant le journal, je ressens mon impuissance totale, alors les petits textes des gratuits me suffisent. »

Rachida* *estime elle aussi qu’ « après avoir vaguement lu 20 Minutes, [elle peut] faire semblant d’être informée ». « Je lis ce journal que je jette ensuite comme je vais dans un fast-food dont la nourriture ne me plaît guère, pour gagner du temps. Et peut-être pour ne pas perdre l’habitude de lire ». Samantha en convient aussi : « Lire un journal gratuit, c’est notre façon d’aller à l’essentiel d’une actualité qui nous concerne de moins en moins. Beaucoup d’entre nous avons compris que nous ne lisions que des dépêches d’agence, des résumés de ce que nous pourrions trouver dans d’autres journaux. L’important, c’est de le savoir. Alors je n’en lis plus guère qu’un ou deux par semaine, et parfois j’achète Libération le samedi, ou le Parisien le lundi. Chez mes parents, il n’y a plus de journaux depuis des années, et seule ma mère jette un coup d’œil sur les quotidiens que je rapporte. Même si je préfère 20 Minutes aux autres gratuits parce qu’il aborde souvent les questions d’environnement dont nous parlons en cours, je n’en garde aucun, ils n’en valent pas la peine. »

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