« Socialistes » against racism

De la plainte contre Valls pour incitation au racisme, il ne fut pas question lors du meeting.

Sébastien Fontenelle  • 5 décembre 2013 abonné·es

Tout récemment – c’était, si mes souvenirs sont bons, il y a une vingtaine de jours –, les « socialistes » (gouvernementaux & solférinesques) ont fini par comprendre qu’ils ne pouvaient plus rester sans réagir aux ignominies racistes qu’endure Christiane Taubira depuis de très longs mois, et ils se sont décidés à dire un peu nettement que la haine raciale, c’est pas bien. Puis, tant qu’à y être, ils ont même organisé, la semaine dernière, à la Mutualité (75005 Paris), un rassemblement « pour défendre la République » against racism – que ses organisateurs ont très tranquillement présenté, nonobstant qu’on n’y trouvait donc presque que des représentant(e) s du P« S », comme un « grand meeting de la gauche ». Car ils osent beaucoup : c’est à cela qu’on les reconnaît.

Il y avait là, notamment, l’excellente Caroline Fourest : l’éditocrate, tu sais, qui vient, avec d’autres non moins délicats penseurs de l’altérité, de passer dix années à psalmodier – sous, petit un, le prétexte de défendre la laïcité et, petit deux, les applaudissements nourris de Jean-Louis Debré – qu’il convenait que nous nous défiions des musulman(e)s, car ces personnages (dont la langue, s’ils s’appellent Tariq Ramadan, peut des fois n’être pas beaucoup moins fourchue que celle du serpent) fomentent volontiers de nous ronger la République en nous truffant les services publics de femmes voilées qui font rien qu’à tenter de convertir nos petits nenfants, aaaaah, les horrrribles femmes.

Ce qu’oyant, d’aucun(e)s, du côté de chez la droite extrême, ont rapidement vu l’avantage qu’il y avait à se draper, au moment de proférer de soutenues stigmatisations, dans la noble couverture de la défense des valeurs de la République – et se sont mis(es) à dire tout haut ce que disait aussi Fourest, qui a donc œuvré à la libération d’une logorrhée où l’islamophobie se parait des chatoyants atours de la laïcité. Mais je te rassure, ça ne l’a pas du tout empêchée de lancer, du haut de la tribune où l’avaient donc conviée l’autre semaine ses teupos de Solférino, qui semblent la tenir pour une experte dans ces matières : « Les racistes qui essaient de se faire passer pour des laïcs, ça suffit ! » Car elle ose beaucoup : c’est à cela qu’on la reconnaît.

Puis l’orateur-vedette de la soirée est monté sur scène : il s’agissait de Manuel Valls, ministre de l’Intérieur. Le même qui, du temps qu’il n’était que député-maire d’Évry dans l’Essonne, a lourdement déploré qu’il y eût tellement de Noir(e)s sur tel marché de cette cité, et qui, depuis qu’on lui a donné le maroquin des polices, ne reste plus jamais sans régulièrement répéter (sur un mode très fourestif) qu’il convient que nous nous défiions des excès du musulmanisme – ou que les Roms devraient pour la plupart retourner nach Budapest, car ils n’ont aucune volonté de s’intégrer dans notre si doulce France : cela lui vaut d’ailleurs d’être poursuivi par le Mrap pour incitation au racisme, mais, de cette plainte, il ne fut bien sûr jamais question lors du meeting des socialistes. Car, repeat after me  : ils osent beaucoup…

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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