De Mesrine à Gainsbourg

Explosions sociales, nouveaux riches et montée des exclusions, nouvelle scène musicale, punk, rock et variétés décadentes, l’œil de Terrasson et la noirceur de Daeninckx font retour sur une drôle d’époque.

Jean-Michel Véry  • 8 octobre 2014
Partager :
De Mesrine à Gainsbourg
© **Les années 80, le grand mix** , Pierre Terrasson & Didier Daeninckx, éd. Hugo-Desinge, 256 p, 25 euros, (octobre 2014).

Tout commence avec Broussard , un 2 novembre 1978, porte de Clignancourt, une BMW criblée de balles, un corps désarticulé, sanguinolent, grenade à la main : Mesrine. Terrasson est sur place, au milieu des confrères et des badauds. Le départ d’une intrigue où un détective, commandité par une mystérieuse Madame Chikako, va épier les faits et gestes du photographe, ses courriers, son téléphone, ses déplacements. Avec Les années 80, le grand mix , Pierre Terrasson et Didier Daeninckx inventent un nouveau genre : le polar-photo-rock.

S’ensuit une plongée au cœur des années 1980 , éclairées par Coluche, Choron, le Carmen à Pékin, en 1982, symbolisant l’ouverture de la Chine à l’Occident. La Fête des radios libres et les débuts de Téléphone avec Higelin, le post-punk en vitrines à Chelsea. En noir et blanc, avec Captain Sensible et Robert Fripp, Taxi girl et The Cure, Gainsbourg, période Peter Tosh, ou encore les Clash. La couleur avec les Garçons bouchers, attablés et rougis, le concert SOS Racisme à la Concorde, Bashung et Bergman. Flash-back sur la scène indé, avec la Mano Négra, la Souris déglinguée et Gogol Ier, le Palace et la Maladrerie.

Les années 80, le grand mix , entre espoir et désespoir, livre une vision électrique et éclectique d’une période singulière, qui se cherche et où les valeurs du passé n’ont plus de sens. Après Giscard et les chocs pétroliers, viendront les années fric et les revendications sociétales, la famine en Éthiopie et la forêt d’Amazonie, les Restos du cœur et la Marche pour l’égalité. Un éclairage en zone obscure, où chacun retrouvera ses petits.

Illustration - De Mesrine à Gainsbourg

Idées
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

13-Novembre : « On a focalisé le procès sur la question de la religion »
Entretien 13 novembre 2025 abonné·es

13-Novembre : « On a focalisé le procès sur la question de la religion »

Les audiences avaient duré dix mois et réuni une centaine de parties civiles. En septembre 2021, vingt accusés comparaissaient devant la cour d’assises spéciale de Paris dans le procès des attentats du 13 novembre 2015. Maître de conférences en science politique, Antoine Mégie a mené, avec trois coautrices, une enquête au long cours sur le procès.
Par Olivier Doubre
Sophie Béroud : « 1995 est le dernier mouvement social avec manifestations massives et grèves reconductibles »
Entretien 5 novembre 2025 abonné·es

Sophie Béroud : « 1995 est le dernier mouvement social avec manifestations massives et grèves reconductibles »

Des millions de personnes dans les rues, un pays bloqué pendant plusieurs semaines, par des grèves massives et reconductibles : 1995 a été historique par plusieurs aspects. Trente ans après, la politiste et spécialiste du syndicalisme retrace ce qui a permis cette mobilisation et ses conséquences.
Par Pierre Jequier-Zalc
1995 : le renouveau intellectuel d’une gauche critique
Analyse 5 novembre 2025 abonné·es

1995 : le renouveau intellectuel d’une gauche critique

Le mouvement de 1995 annonce un retour de l’engagement contre la violence néolibérale, renouant avec le mouvement populaire et élaborant de nouvelles problématiques, de l’écologie à la précarité, du travail aux nouvelles formes de solidarité.
Par Olivier Doubre
Qui a peur du grand méchant woke ?
Idées 29 octobre 2025 abonné·es

Qui a peur du grand méchant woke ?

Si la droite et l’extrême droite ont toujours été proches, le phénomène nouveau des dernières années est moins la normalisation de l’extrême droite que la diabolisation de la gauche, qui se nourrit d’une crise des institutions.
Par Benjamin Tainturier