Les sénateurs écologistes veulent la reconnaissance de la Palestine

Esther Benbassa, sénatrice du Val-de-Marne, et l’ensemble du groupe écologiste du Sénat, ont déposé, jeudi 23 octobre, une proposition de résolution pour la reconnaissance de l’Etat palestinien.

Lou-Eve Popper  • 30 octobre 2014 abonné·es
Les sénateurs écologistes veulent la reconnaissance de la Palestine
© Photo: Le groupe écologiste au Sénat (DR.)

Cette volonté du groupe écologiste de faire reconnaître l’Etat Palestinien fait écho à un un coup de tonnerre dans le monde feutré de la diplomatie : la reconnaissance de l’Etat Palestinien par la Suède. Cette annonce est, pour la sénatrice écologiste Esther Benbassa, une heureuse surprise dans la mesure où « il y a un tabou en Europe sur la question du conflit israélo-palestinien », alors, dit-elle, « qu’il est urgent que l’Union Européenne intervienne dans les négociations aux côtés des Etats-Unis. »

Les sénateurs écologistes ont décidé de déposer ce texte , une semaine avant la reconnaissance officielle par la Suède, car, estime la sénatrice, « il y a urgence ». « Nous sommes au bord d’une troisième intifada », affirme Esther Benbassa. En Israël, la tension est à son comble depuis que le gouvernement israélien a pris la décision de fermer aux visiteurs et aux fidèles musulmans l’Esplanade des Mosquées. « C’est justement parce que la violence est sur le point de redémarrer que les parlementaires doivent se mobiliser pour tenter de faire reconnaître l’Etat Palestinien », déclare la sénatrice.

Avec ses collègues du groupe écologiste , la sénatrice considère que, « même si les marges de manœuvre diplomatique se révèlent étroites, tout vote symbolique en faveur de la reconnaissance de l’Etat palestinien aux côtés de l’Etat israélien — dont toutes les parties doivent reconnaître l’existence et le droit à la sécurité — constituerait un pas en avant pour une paix juste et durable. » Par cette résolution, les sénateurs veulent que « le gouvernement français reconnaisse sans délai l’Etat palestinien souverain et démocratique sur les bases des lignes de 1967, avec Jérusalem comme capitale des deux Etats. »

Eveiller les consciences

Esther Benbassa a déjà fait état de pressions à l’égard du texte, notamment de la part de l’ambassade israélienne. Cette dernière a ainsi envoyé à tous les sénateurs une lettre nominative leur demandant de renoncer à cette résolution. Cette lettre précisait que leur résolution était infondée et qu’ils devaient « laisser les pays négocier ». L’ambassadeur israélien a également demandé à prendre rendez vous avec Gérard Larcher, le président du Sénat. La sénatrice fait également état de pressions moins officielles, dont elle « préfère ne pas parler ».

Laisser les pays négocier , c’est de toute façon ce que prévoient de faire les sénateurs écologistes. Esther Benbassa précise que « la résolution n’est pas une négociation. Nous voulons simplement éveiller les consciences, nous ne nous substituons pas aux diplomates. » Afin que le texte ait une plus grande portée, les écologistes ont commencé à démarcher les autres partis : ils espèrent avoir le soutien des socialistes et ont aussi pris contact avec des sénateurs UDI et radicaux de gauche. Pour l’instant, le gouvernement n’a pas réagi mais un rendez vous est prévu dans les jours prochains avec le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius.

La sénatrice a rappelé que les députés Front de Gauche avaient demandé le 27 octobre l’organisation d’un vote à l’Assemblée sur la reconnaissance de l’Etat palestinien. Ils ont notamment demandé de remettre à l’agenda une proposition de résolution qu’ils avaient déposée en 2012, les précédentes étant maintenant obsolètes.

Le vote au Sénat est prévu pour début 2015. En espérant que le tabou évoqué par Esther Benbassa soit enfin brisé.

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