Stocker des tomates blettes

M. Macron n’est pas du genre à se laisser emmerder par les vieux tabous protecteuristes.

Sébastien Fontenelle  • 2 septembre 2015 abonné·es

Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, a déclaré devant le Medef – où l’on a réagi à cette stimulation par une impressionnante série d’orgasmes non simulés – et en substance que les 35 heures, d’accord, mais à condition qu’elles puissent durer 40 heures – et plus si affinités . Parce que bon, « la gauche » sédimentée dans la conviction que tout le monde peut gagner du blé en se les roulant, et qui pousse même l’inconscience jusqu’à prétendre que toute peine mérite, au surplus, un émolument, ça va bien trois secondes mais, juste après, faut revenir aux bons vieux fondamentaux de l’esclavagisme salarial, du style « bosse et ferme ta gueule, putain de smicard(e), ou je t’enlève ton dimanche ».

Ce qu’oyant, Jean-Christophe Cambadélis (J2C), chef – facilement reconnaissable à ce que les jeunes enfants rient lorsqu’ils entendent prononcer son nom, cependant que leurs aîné(e)s sont plutôt pris(es) de l’envie de lui décerner un soutenu lancer de tomates blettes – du parti des « socialistes », a fait savoir que de telles saillies l’offusquaient un peu, et qu’il ambitionnait de rencontrer leur auteur, à la fin de lui signifier de vive voix ce désaccord. Ce qu’oyant, tu es tout naturellement parti(e), kantàtoi, d’un long (mais un peu jaune) éclat de rire – et moi aussi, tu penses bien. Car nous savons qu’il n’y avait rien là – dans les déclarations de M. Macron, veux-je dire – que ce très thatchériste personnage n’ait, depuis que Françoizollande l’a mis dans Bercy pour ce qu’il était fort des compétences acquises du temps qu’il était banquier, déjà dit très distinctement, ou suggéré si fort qu’il faut vraiment être d’un nœudisme tout particulier pour ne l’avoir pas ouï.

Autrement dit, nous savons depuis toujours (façon de parler) que M. Macron est de droite, aussi sûrement que, disons, le Figaro de Serge Dassault (où l’on n’a d’ailleurs pas manqué d’ovationner sa « sortie sur les 35 heures » ), et que c’est pour cette raison précise – parce qu’il n’était certes pas du genre à se laisser emmerder par les vieux tabous protecteuristes qui fondaient naguère l’identité de la (vraie) gauche – qu’il a été intégré dans le gouvernement « socialiste » de M. Valls. Et J2C le sait aussi, qui connaît parfaitement l’histoire de son propre parti, et celle, plus spécialement, des trente années qui lui ont fait renier la plupart de ses « valeurs » dans une continue droitisation – contre laquelle lui-même n’a jamais rien entrepris vraiment, et à quoi il a donc généralement consenti.

Par conséquent, lorsqu’il fait mine de s’offusquer de ce qu’un ministre de l’Économie qu’il sait être de droite tienne à très, très peu près, et le temps d’une prédication, les mêmes discours économiques que ses hôtes du patronat, le big boss du P« S » nous prend pour des connard(e)s. Est-ce nouveau ? Non point. Faut-il pour autant s’y résigner ? Fichtre non : ces renégat(e)s nous prennent déjà tant, que nous serions pour le coup bien sot(te)s de leur abandonner aussi cela.

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De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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