Aidons nos ami(e)s « socialistes »

Ce qui était odieux au P « S » quand l’autre droite était au pouvoir lui devient délicieux quand il est aux affaires.

Sébastien Fontenelle  • 11 novembre 2015 abonné·es

Ami(e) « socialiste », bonjour. Si tu permets, je voudrais te donner ici un conseil. Tu devrais d’urgence nettoyer le site Internet de ton parti (SIDTP). Plus précisément, tu devrais faire le ménage dans ses archives. Car l’on y trouve des centaines – des milliers, peut-être – d’anciens communiqués, datés notamment de l’époque où l’autre droite – celle de M. Sarkozy – était dans l’Élysée, et dont la relecture est aujourd’hui d’un effet absolument désastreux pour ta street credibility. En 2009, par exemple, ton secrétaire national au Travail et à l’Emploi de l’époque, Alain Vidalies, se fendait d’un libelle rageur, au titre sans équivoque – et toujours consultable, donc, sur l’SIDTP : « Auto-entrepreneur : le miroir aux alouettes ». Extrait : « Le président de la République célèbre en grande pompe le 150 000e auto-entrepreneur. Au moment où notre pays compte 2,5 millions de chômeurs et que ^2 le nombre de défaillances d’entreprises explose, cette manifestation est pour le moins déplacée. Il suffit de rappeler que la moitié des auto-entrepreneurs sont des chômeurs qui n’ont aucune autre solution pour survivre. Très nombreux sont les salariés ou les retraités obligés de reprendre une activité pour améliorer leurs revenus insuffisants. Ce statut pose une vraie question de modèle social pour les salariés et pour les entreprises artisanales qui subissent une véritable concurrence déloyale. » Ç’avait de la gueule, je dis pas.

Mais nous voilà en 2015 : le même Vidalies est désormais secrétaire d’État chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, et que fait son collègue Emmanuel Macron, ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique ? Il annonce qu’il « veut », tout comme naguère Kozy, donc, « doper les auto-entrepreneurs », ainsi que ne manque pas de le relever le Journal du dimanche, que cette nouvelle transporte évidemment de joie. Et que répond le Parti « socialiste », durant que Vidalies se tient soigneusement coi (trop occupé peut-être à se répéter qu’il « préfère » les discriminations au faciès au risque d’un attentat) ? Rien. Que dalle. Comme d’hab’ : ce qui lui était prétendument odieux quand l’autre droite était au pouvoir lui devient délicieux quand c’est lui qui est aux affaires.

Je pourrais multiplier les exemples à l’envi, mais la place m’est comptée : le chef Sieffert ne s’est toujours pas décidé à m’accorder ici le troisième feuillet que je lui demande depuis l’automne 1409 [^3]. Mais je peux du moins te certifier que tu gagnerais à purger ton site des innombrables communiqués qui documentent ton addiction aux reniements et à la trahison de tes engagements : je ne garantis bien sûr pas – à l’impossible nul(le) n’est tenu(e) – que tout le monde croira pour autant tes racontars, mais du moins verra-t-on moins que tu es de gauche, mais de droite [^4].

[^2]: Sic

[^3]: Qui fut nettement plus rigoureux, soit dit en passant, que le mois de novembre à la con qu’on est en train de se fader, qu’est-ce que c’est que ce truc où tout le monde se balade en tee-shirt ?

[^4]: Je rappelle que cette délicieuse formule est de mon camarade Fred Alpi.

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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