L’étoile Sarkozy pâlit

À l’approche de la primaire de la droite, l’ancien chef de l’État n’apparaît plus comme le champion naturel de son camp.

Michel Soudais  • 13 janvier 2016 abonné·es
L’étoile Sarkozy pâlit
© Photo : LALMAND/BELGA/AFP

Nicolas Sarkozy n’a plus la cote chez les siens. L’ancien Président est « aujourd’hui la meilleure chance pour François Hollande d’être réélu », estime Hervé Mariton. Le député de la Drôme n’est certes pas un poids lourd de la droite. Candidat à la présidence de l’UMP en 2014, il n’a obtenu que 6,3 % des votes. Mais le ludion de la Manif pour tous y a gagné une liberté de ton. Lundi, sur France 2, cet outsider à la primaire affirme parler au nom du « peuple de droite » et lâche : « Le meilleur service que Nicolas Sarkozy puisse rendre  […] à sa famille politique, c’est de ne pas être candidat aux primaires, de ne pas être candidat demain aux présidentielles. » Propos d’un franc-tireur ? Pas seulement.

La veille, Gérald Darmanin, figure de la nouvelle génération, a vertement fait savoir à Nicolas Sarkozy qu’il avait fait son temps. Le président des Républicains (LR), dont le député-maire avait été le porte-parole lors de l’élection à la présidence du parti, « semble ne pas comprendre la séparation et l’incompréhension entre lui et le peuple de droite qui exigerait une remise en question de sa part », dénonce-t-il dans le Parisien. La trêve des confiseurs n’a pas fait disparaître la fracture apparue aux régionales. Jean-Pierre Raffarin la résumait ainsi, mardi sur France Inter : « Est-ce qu’on lutte contre le Front national en s’opposant au Front national ? Ou est-ce qu’on lutte contre le Front national en prenant les mêmes thèmes que le Front national ? »

Si cette seconde option est celle de Nicolas Sarkozy et de la direction qu’il vient de remanier, la première n’est plus seulement défendue par Nathalie Kosciusko-Morizet et l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac. Les présidents de région élus avec l’appui de Manuel Valls et du PS, Xavier Bertrand et Christian Estrosi, s’y sont ralliés. « La ligne identitaire ne peut être l’alpha et l’oméga de la future campagne, critique Gérald Darmanin, proche de Xavier Bertrand. Être Français ne se résume pas à une question de religion ou de racines chrétiennes. » « Le discours sur le “ni-ni”, ça remonte à l’âge de pierre », déclare le nouveau président de Paca dans le Journal du dimanche (10 janvier). Dans ce débat, François Fillon et Alain Juppé louvoient encore. Sans doute parce que la primaire ouverte de la droite, comme toute primaire, se jouera moins sur les orientations proposées que sur la capacité des candidats à devancer François Hollande et à se qualifier pour le second tour. Or, depuis qu’un sondage publié avant Noël a donné François Hollande devant Nicolas Sarkozy, l’ancien chef de l’État n’incarne plus le « vote utile » au sein de sa famille politique.

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