« Il peut s’agir d’une discrimination »

« Le racisme reste présent dans le discours d’hommes politiques français. »

Sébastien Fontenelle  • 23 mars 2016 abonné·es

Cher [^1] gouvernement « socialiste ».

Tu viens de lancer une « semaine d’éducation contre le racisme et l’antisémitisme » durant laquelle nous serons, proclames-tu, « tous unis contre la haine ».

Tu as publié, pour l’occasion, cette (un peu longue) déclaration : « La lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie constitue une priorité du gouvernement. Le racisme se traduit par des propos, des comportements ou des violences à l’égard de personnes en raison de leur origine ou de leur religion, ou encore en raison de leur apparence physique. La loi interdit et sanctionne le racisme et l’antisémitisme sous toutes leurs formes. Les peines varient en fonction de la façon dont ils s’expriment : des propos insultants ; un traitement différent et défavorable par rapport à d’autres personnes (il peut s’agir alors d’une discrimination) ; des violences physiques. »

Ton chef, le Premier ministre Manuel Valls a quant à lui tweeté que : « Le racisme, ça commence par des mots. Ça finit par des crachats, des coups, du sang. » Puis : le président de la République (PR) a déclaré, comme en écho, qu’il fallait « condamner les mots du racisme pour éviter que des maux plus graves s’installent » – et il avait, pour cette fois, complètement raison. Puisqu’en effet : la très officielle Commission nationale consultative des droits de l’homme, pour ne citer qu’elle, a maintes et maintes fois relevé que l’énoncé public de propos racistes ou xénophobes pouvait favoriser la commission d’actes plus violents encore.

Mais je voudrais, si tu permets, te rafraîchir un peu la mémoire.

En 2009, un député de l’Essonne s’est si fort ému, en traversant un jour un marché de ce département, d’y voir beaucoup de Noir(e)s, qu’il a demandé qu’on « lui mette »« quelques Blancs, quelques whites, quelques blancos ».

Cela lui a valu d’être promu : il était devenu ministre d’État lorsqu’il a publiquement décrété, quelques années plus tard – c’était en 2013 –, que « les Roms » avaient « vocation à revenir en Roumanie ou en Bulgarie ». Puis de préciser – par souci, probablement, d’être parfaitement compris : « Ces populations ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation » avec notre légendaire civilité.

Ces proférations, qui se rapprochent assez de ce que tu appelles « un traitement différent et défavorable par rapport à d’autres personnes (il peut s’agir alors d’une discrimination) » ont valu à leur auteur d’être durement épinglé, il y a quelques semaines, par le Conseil de l’Europe, qui les a citées pour illustrer sa préoccupation de constater que : « Le racisme reste présent dans le discours d’hommes et de femmes politiques français. Les Roms en particulier sont une cible récurrente de tels propos. »

Mais dans l’intervalle, il avait bénéficié, ici, d’une nouvelle promotion – d’une nouvelle prime : ton chef ? Le Premier ministre qui prévient que « le racisme ça commence par des mots » ? C’est lui.

Tu vois le problème ? Ou tu continues à faire semblant ?

[^1] Façon de parler…

Publié dans
De bonne humeur

Sébastien Fontenelle est un garçon plein d’entrain, adepte de la nuance et du compromis. Enfin ça, c’est les jours pairs.

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