Mobilisation contre la publicité : «Halte à la con-soumission»

Pour la première fois, une journée mondiale contre la publicité a été organisée vendredi 25 mars. Un rendez-vous nécessaire pour s’interroger sur la place de la publicité dans l’espace public.

Chloé Dubois (collectif Focus)  • 25 mars 2016
Partager :
Mobilisation contre la publicité : «Halte à la con-soumission»
© Photo : BERTRAND GUAY / AFP - le 26 février 2016

Une journée mondiale contre la publicité pour dénoncer la violence de ce «pilier du conditionnement social, qui maintient un système de domination à la fois injuste humainement et insoutenable écologiquement»? C’est en tout cas ce que propose le site Journee.contrelapub.org qui invite les citoyens du monde entier à participer à la mobilisation, organisée pour la première fois vendredi 25 mars. Un appel global qui vise à interpeller les citoyens sur l’omniprésence de la publicité commerciale dans l’espace public, et à démontrer son influence négative.

«Il s’agit de rendre visible les actions individuelles réalisées par les citoyens, nous confie Khaled Gaiji, porte-parole de l’association Résistance à l’agression publicitaire (RAP). Nous avons demandé aux personnes qui se sentent concernées de prendre des photos illustrant leur mécontentement face à certaines publicités et de les envoyer. Par exemple, en participant à des recouvrements de publicités jugées agressives. Nous avons reçu des centaines de clichés issus des différents continents, allant de l’Afrique à l’Asie.»

Proclamée l’année dernière au Forum social de Tunis, le 25 mars 2015 n’était alors qu’une journée de lancement centralisée sur la Tunisie, où citoyens et militants ont participé à différentes actions anti-publicitaires. Mais c’est cette année que s’est véritablement organisée la première journée contre la publicité à travers le monde. Et le choix de cette date ne doit rien au hasard, bien au contraire. Cette journée symbolique est en réalité l’anniversaire de la relaxe des activistes du collectif de désobéissance civile Les déboulonneurs, arrêtés pour avoir barbouillé sur des panneaux publicitaires. «C’est le 25 mars 2013 qu’ils ont été libérés, au nom de la liberté d’expression et de l’état de nécessité», nous explique Khaled Gaiji, encore ravi de cette «grande victoire».

Si aujourd’hui les citoyens nous donnent un ressenti subjectif en accord avec notre lutte contre la publicité, ils n’ont pas encore assez d’informations concernant les aspects négatifs de l’idéologie diffusée par elle. Mais ces mobilisations permettent de développer l’esprit critique des citoyens et de les pousser à s’informer.

Mais finalement, une journée contre la pub c’est quoi ? «Nous avons par exemple participé à des recouvrements de panneaux publicitaires» raconte le militant de RAP. Bien accueillies par les passants, ces actions permettent de prouver que les gens «soutiennent le principe qui vise à contester l’invasion publicitaire». Cela dit, Résistance à l’agression publicitaire va au delà des simples opérations de recouvrement, et s’interroge notamment sur l’idéologie du système publicitaire, tout en posant la question des dangers sanitaires, écologiques, et sociaux qu’il représente.

En effet, les actions coups de poing ne sont pas les seules à s’être organisées au fil de la journée. Une conférence organisée dans la soirée à Maurecourt (Yvelines) a permis aux citoyens de s’interroger sur le système publicitaire, et de débattre. Mais encore plus surprenant, une fausse manifestation «pro-publicitaire» théâtralisée a été organisée en fin d’après midi devant les locaux de Radio France. Une opération qui vise en réalité à dénoncer l’annonce gouvernementale qui souhaite imposer le retour de la publicité à la radio publique.

Société Travail
Temps de lecture : 3 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

« J’arrêterai ma grève de la faim le jour où j’aurai un titre de séjour »
Entretien 19 novembre 2025

« J’arrêterai ma grève de la faim le jour où j’aurai un titre de séjour »

Nader Ayache, réalisateur tunisien, a entamé depuis 12 jours une grève de la faim pour réclamer un titre de séjour. À Politis, il témoigne de la nécessité de « mettre en lumière » son cas, « qui est un cas parmi les 140 000 OQTF délivrées chaque année » par la France.
Par Pauline Migevant
Prix des médicaments : refuser la prise d’otage de l’industrie pharmaceutique !
Sécurité sociale 19 novembre 2025

Prix des médicaments : refuser la prise d’otage de l’industrie pharmaceutique !

En défendant un amendement sur la transparence des prix des médicaments, le député écologiste Hendrik Davi dénonce le chantage de l’industrie pharmaceutique qui brandit la menace de quitter le marché français. Il appelle à restaurer un contrôle démocratique sur des coûts cachés colossaux.
Par Hendrik Davi
L’intelligence artificielle au cœur du contrôle migratoire en Europe
Europe 19 novembre 2025 abonné·es

L’intelligence artificielle au cœur du contrôle migratoire en Europe

En Europe, l’intelligence artificielle s’impose peu à peu dans la gestion des migrations pour prévoir les flux, vérifier un accent, un âge ou détecter une émotion. Un usage non sans danger pour les droits fondamentaux.
Par Julie Kermarrec
IGPN : la grande faillite du contrôle des policiers 
Violences policières 18 novembre 2025 abonné·es

IGPN : la grande faillite du contrôle des policiers 

Un rapport explosif de l’ONG Flagrant déni, publié ce mardi 18 novembre, met en lumière l’effondrement de la police des polices. Chiffres inédits à l’appui, le document démontre que le taux d’élucidation des violences policières a chuté de 25 % en huit ans alors que le nombre d’affaires est en augmentation.
Par Maxime Sirvins