Bac + 8 option précarité
Des collectifs d’enseignants-chercheurs se mobilisent contre la précarisation dans les facs françaises, devenue un véritable mode de gestion, et dénoncent un système à bout de souffle.
dans l’hebdo N° 1435 Acheter ce numéro

« Nous sommes vos collègues, nous sommes ceux et celles sans qui ni l’enseignement ni la recherche ne seraient possibles. » Cette simple phrase, que l’on peut lire en page 4 du manifeste publié par le Collectif des personnels précaires de l’université du Mirail (rebaptisée Jean-Jaurès en 2014) le 11 mai dernier, en dit long sur la logique de précarisation à l’œuvre dans l’enseignement supérieur et la recherche (ESR). Le bilan social 2014-2015 publié par le ministère de l’ESR relève 30 % de contractuels parmi les enseignants-chercheurs et près de 40 % parmi les personnels BIATSS (bibliothèques, ingénieurs, administratifs, techniciens de service et de santé). Les conséquences de cette précarité croissante sont dévastatrices pour l’ensemble du secteur et plus largement pour l’avenir du pays.
Faire de la recherche aujourd’hui, en France, toutes disciplines confondues, constitue une véritable gageure. Selon la sociologue Valentine Hélardot, la précarité au travail est un processus de dégradation des conditions d’embauche et de travail qui engendre deux phénomènes interconnectés : l’incertitude et la domination. L’Université française, et plus largement l’ensemble du système éducatif, est inscrite depuis longtemps dans ce processus. Ce qui est plus récent, c’est la multiplication des personnes concernées et l’allongement des périodes de précarité. Une banalisation qui a pour principale conséquence l’invisibilisation du phénomène.
La précarité des