EDF : vers une fermeture des boutiques en 2019 ?

La question de la fermeture des 77 agences de l’électricien est restée en suspens après la consultation du comité d’établissement le 26 janvier. Un projet qui inquiète syndicats et clients en s’inscrivant dans une volonté d’austérité générale.

Malika Butzbach  • 30 janvier 2017
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EDF : vers une fermeture des boutiques en 2019 ?
© Photo : LIONEL BONAVENTURE / AFP

Dans un communiqué dénonçant le projet d’EDF, déposé lors du comité d’établissement de la semaine dernière, de fermer ses 77 boutiques en France, le syndicat Force ouvrière Énergie et Mines a déploré « la disparition annoncée du service public ». La décision a finalement été reportée face à la résolution des syndicats, qui ont demandé des éléments complémentaires.

Clients et salariés affectés

« Nous sommes contre la fermeture de ces boutiques, qui constitue un pilier du service public républicain », a déclaré Serge Gianorsi, délégué syndical central de Force ouvrière. Si les agences ferment, les opérations courantes se feront via Internet ou par téléphone. Selon le syndicaliste, l’abandon du lien avec les usagers aurait un impact sur la qualité du service et les premières victimes seraient « les clients les plus démunis, n’ayant plus d’interlocuteurs physique de proximité ». Ceux qui fréquentent l’agence du boulevard Barbès (Paris 18e) sont unanimes : la fermeture de la boutique serait une « catastrophe ». Outre les clients, ce sont aussi les salariés qui sont concernés : 420 emplois dépendent de ces accueils.

Une disparition par étapes

Ce mouvement n’est pas nouveau : déjà, entre 2013 et 2016, EDF a fermé 33 de ses agences. Il continue donc sur sa lancée en proposant la disparition par étapes des 77 boutiques restantes : 20 cette année, puis 32 l’année suivante et les 25 dernières en 2019. L’argument ? Les accueils sont peu fréquentés par les clients, qui semblent avoir de plus en plus recours au Web et au téléphone. L’électricien avance le chiffre de 800 000 contacts pour l’année 2016, tandis que FO table sur plus d’un million. « La résolution des syndicats demande notamment des précisions sur les flux de clients dans les agences », précise Serge Gianorsi. De son côté, EDF ne souhaite pas communiquer sur le sujet – qui est « en discussion » – et affirme que, pour l’instant, rien n’a été décidé.

Un milliard d’euros d’économies

Ce projet de réduction des coûts s’inscrit dans un plan général d’économies d’un milliard d’euros. Déjà, en janvier 2016, EDF annonçait la suppression de 3 500 postes (soit 5 % des effectifs de la maison mère) sur deux ans. « Nous comptons actuellement 11 000 emplois, l’objectif est de réduire l’effectif à 8 000 employés, affirme le syndicaliste. Cette restriction budgétaire a été demandée par le principal actionnaire d’EDF, c’est-à-dire l’État. Nous y voyons le résultat des décisions hasardeuses des vingt dernières années et la déréglementation du marché de l’énergie. »

>> À lire aussi : Transition énergétique : l’impasse industrielle française

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