Trump : le décret de la honte

Les protestations se sont succédé après la décision du nouveau président de fermer les frontières aux réfugiés et aux ressortissants de sept pays musulmans.

Denis Sieffert  • 1 février 2017 abonné·es
Trump : le décret de la honte
© Photo : Alexandros Michailidis/SOOC/AFP

« S’il a fait ça pendant ses sept premiers jours, qui sait ce qui nous attend dans les quatre prochaines années. » Cette inquiétude d’une jeune Serbe installée aux États-Unis depuis dix ans, le monde entier, ou presque, la partage. Sonja Davidovic participait le 29 janvier, avec des milliers d’autres manifestants, à un rassemblement sous les fenêtres de Donald Trump.

Tout au long du week-end, manifestations, protestations d’associations de défense des droits humains et condamnations politiques se sont succédé dans le pays après la décision du nouveau ­président de fermer les frontières pendant plusieurs mois à tous les réfugiés ainsi qu’aux ressortissants de sept pays musulmans. Des rassemblements ont eu lieu dans les aéroports où des personnes en provenance des pays concernés étaient retenues par des agents de l’immigration. Côté politique, le maire de New York, Bill de Blasio, a mis en garde : « C’est le début de la dégradation de nos libertés civiques et de nos droits constitutionnels, et nous savons où mène cette route. » Barack Obama a fait savoir qu’il est « en désaccord total avec l’idée qu’on puisse discriminer des gens à cause de leur croyance ou de leur religion ».

À l’origine de cette vague de protestations : un décret, signé le 27 janvier, interdisant l’entrée aux États-Unis de tous les réfugiés, quelle que soit leur origine, pendant 120 jours, mais sans limite pour les Syriens, et pendant 90 jours pour tous les ressortissants iraniens, irakiens, libyens, somaliens, soudanais et yéménites. Plus d’une centaine de personnes ont été arrêtées à leur arrivée sur le territoire, bien que leurs visas soient valides. L’intervention d’une juge fédérale de Brooklyn, contestant la constitutionnalité de la mesure, a cependant permis l’entrée de certains d’entre eux. D’autres, pourtant détenteurs d’une green card, ont été refoulés ou empêchés d’embarquer dans des vols à destination des États-Unis.Le sort des binationaux a également été source de confusion. Plusieurs pays ont tenté d’entrer en négociation avec la nouvelle administration. Le Royaume-Uni, particulièrement apprécié de Donald Trump depuis le Brexit, a obtenu une exemption pour ses ressortissants binationaux. De nombreuses capitales, européennes ou arabes, ont protesté  l’Iran a décidé une mesure de réciprocité. En revanche, l’Arabie saoudite, réputée pour propager l’idéologie salafiste, a été épargnée par le décret Trump. Quinze des dix-neuf auteurs de l’attentat du 11 septembre 2001 étaient pourtant saoudiens. Mais, tandis qu’il faisait appliquer le sinistre décret anti-musulman, Donald Trump s’entretenait avec le roi Salmane d’Arabie saoudite. L’islamophobie du président américain a au moins une limite : le pétrole.

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