Hommage à Clément Méric : radical mais pacifique

La manifestation organisée à l’occasion des 4 ans de la mort du jeune antifasciste s’est déroulée sans aucune violence, tout en portant un message politique combatif contre l’extrême droite et le racisme.

Vincent Richard  • 4 juin 2017
Partager :
Hommage à Clément Méric : radical mais pacifique
© Photos : Vincent Richard

P as de fascistes dans nos quartiers, pas de quartier pour les fascistes » ou encore « C’est pas les immigrés, c’est pas les sans-papiers, c’est les fascistes qu’il faut virer » : les slogans scandés tout au long de la manifestation d’hommage à Clément Méric, samedi 3 juin à Paris, étaient offensifs. Environ 500 personnes (selon la préfecture de police), ont marché en les criant de la place de la République à Gambetta (Paris XXe), en mémoire du jeune militant antifasciste mort le 5 juin 2013 sous les coups de skinheads, mais aussi _« contre tous les racismes et l’extrême droite ».

© Politis

Preuve que la radicalité n’implique pas nécessairement le recours à la violence, la marche s’est déroulée, sous un dispositif policier très discret, sans le moindre heurt, comme l’avaient demandé les organisateurs dans un texte publié le 1er juin et à nouveau dans une prise de parole avant le départ.

À lire aussi >> Pas d’émeutes pour l’hommage à Clément Méric

Agathe [1], du Comité pour Clément (le collectif organisateur), explique : « On ne voulait pas reproduire la situation de l’année dernière, où la manif n’avait pas pu aller à son terme. Pour mener un combat antifasciste et antiraciste le plus large possible, il faut que tout le monde puisse y participer. » À l’approche du procès des militants d’extrême droite renvoyés aux assises en mars dernier, le but était aussi de ne pas donner au public une image permettant de renvoyer dos à dos extrême droite et extrême gauche, même si la jeune femme précise : _« Il ne s’agit pas de montrer patte blanche, on veut simplement apparaître comme on est vraiment. »

Le visage montré samedi 3 juin aura ainsi été celui d’un cortège pacifique, constitué de personnes de toutes origines, et d’une énergie telle qu’on en voit rarement aujourd’hui dans les manifestations parisiennes. Fumigènes multicolores et slogans repris en chœur ont créé une ambiance offensive et chaleureuse, malgré la pluie incessante d’un bout à l’autre du parcours.

© Politis

Si l’hommage au jeune antifasciste occupait bien sûr une place importante, la volonté des organisateurs de faire de la manifestation un moment politique dans un combat plus large contre le fascisme et le racisme était prégnante, avec des slogans comme « Qu’elles soient de droite ou macronistes, abrogration de toutes les lois racistes », ou d’autres en mémoire des victimes des violences policières, par exemple « Zyed, Bouna, Théo et Adama, on n’oublie pas, on ne pardonne pas ».

Dans le même esprit, plus tôt dans l’après-midi, place de la République, une série de débats autour de l’antifascisme et de l’antiracisme, ainsi que des stands de divers collectifs et organisations, avaient attiré plusieurs centaines de personnes autour de thèmes comme « le mythe du récit national », « l’extrême droite dans la police » ou encore « construire une solidarité de quartier avec les migrants ». Ce choix a contribué à donner une forte consistance politique à l’événement, et sans doute permis d’attirer un public différent de celui habitué aux manifestations antifascistes.

© Politis

Si la relative faiblesse numérique de la manifestation est plutôt décevante, l’ensemble de la journée permettra sans doute d’oublier le fiasco de l’an dernier et de faire mieux dans les années à venir.

[1] Le prénom a été modifié

Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives
Reportage 6 décembre 2025 abonné·es

À la frontière franco-britannique, la parade de l’extrême droite, entre associations inquiètes et forces de l’ordre passives

Sur la plage de Gravelines, lieu de départ de small boats vers l’Angleterre, des militants d’extrême droite britannique se sont ajoutés vendredi 5 décembre matin aux forces de l’ordre et observateurs associatifs. Une action de propagande dans un contexte d’intimidations de l’extrême droite. Reportage.
Par Pauline Migevant et Maxime Sirvins
« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN
Récit 5 décembre 2025

« J’estime être victime de harcèlement » : Sand, réprimée pour rappeler la loi à un député ex-RN

À chaque événement public où se trouve Daniel Grenon, la militante d’Extinction Rebellion brandit une pancarte rappelant que « le racisme est un délit ». Un acte pour lequel elle a été convoquée plusieurs fois au commissariat et reçu un avertissement pénal probatoire.
Par Pauline Migevant
Comment le RN a monté en épingle l’enfarinement de Bardella pour s’attaquer aux syndicats
Analyse 5 décembre 2025 abonné·es

Comment le RN a monté en épingle l’enfarinement de Bardella pour s’attaquer aux syndicats

Après avoir qualifié son enfarinement de « non-événement », Jordan Bardella et des députés du Rassemblement national ont été jusqu’à interpeller le ministre de l’Éducation nationale pour infamer les « syndicats d’extrême gauche » qui encourageraient « la violence politique ».
Par Pauline Migevant
À Rennes, l’errance des mineurs isolés, abandonnés par l’État
Reportage 5 décembre 2025 abonné·es

À Rennes, l’errance des mineurs isolés, abandonnés par l’État

Plus de 3 200 jeunes étrangers attendent en France qu’un juge reconnaisse leur minorité. Pendant des mois, ces adolescents vivent à la rue, sans école ni protection. À Rennes, des bénévoles tentent de combler les failles d’un système qui bafoue les droits fondamentaux de l’enfant.
Par Itzel Marie Diaz