Perquisition chez Lafarge, soupçonné d’avoir financé Daech

Les enquêteurs cherchent à savoir si des responsables du groupe en France avaient eu connaissance de tels accords.

Jean-Claude Renard  • 14 novembre 2017
Partager :
Perquisition chez Lafarge, soupçonné d’avoir financé Daech
© photo : THOMAS SAMSON / AFP

Une perquisition a eu lieu ce matin au siège de Lafarge à Paris et dans une filiale bruxelloise. Les investigations, menées par trois juges d’instruction, s’attachent à déterminer si le géant du ciment a transmis de l’argent à certains groupes djihadistes en Syrie, notamment l’organisation État islamique, pour continuer à faire fonctionner en 2013 et 2014, malgré le conflit, la cimenterie de Jalabiya, située au nord du pays. Les enquêteurs cherchent également à savoir si des responsables du groupe en France avaient eu connaissance de tels accords et du danger qu’ils ont pu faire courir aux employés syriens sur place.

Le scandale avait été révélé en juin 2016 dans Le Monde, dans une enquête mettant en lumière de « troubles arrangements » entre Lafarge Cement Syrie (LCS), branche syrienne du groupe, et l’organisation État islamique, tandis que le groupe djihadiste gagnait du terrain.

Deux mois plus tard, le ministère de l’Économie avait déposé plainte, déclenchant l’ouverture d’une enquête préliminaire par le parquet de Paris, confiée au Service national de douane judiciaire (SNDJ), concluant de son côté que LCS a « effectué des paiements aux groupes djihadistes » pour que la cimenterie continue à fonctionner. La direction française du groupe Lafarge, qui a fusionné en 2015 avec le suisse Holcim, « a validé ces remises de fonds en produisant de fausses pièces comptables », ajoute le SNDJ dans ce document.

C’est aussi dans cette affaire que d’anciens responsables de l’entreprise ont affirmé que la volonté de rester alors en Syrie avait reçu l’aval des autorités françaises. L’association anticorruption Sherpa (qui a elle aussi déposé plainte au nom de 11 anciens salariés syriens de la cimenterie) a demandé que Laurent Fabius, ancien ministre des Affaires étrangères, soit entendu par la justice à ce titre.

Police / Justice
Temps de lecture : 2 minutes
Soutenez Politis, faites un don.

Chaque jour, Politis donne une voix à celles et ceux qui ne l’ont pas, pour favoriser des prises de conscience politiques et le débat d’idées, par ses enquêtes, reportages et analyses. Parce que chez Politis, on pense que l’émancipation de chacun·e et la vitalité de notre démocratie dépendent (aussi) d’une information libre et indépendante.

Faire Un Don

Pour aller plus loin…

IGPN : la grande faillite du contrôle des policiers 
Violences policières 18 novembre 2025 abonné·es

IGPN : la grande faillite du contrôle des policiers 

Un rapport explosif de l’ONG Flagrant déni, publié ce mardi 18 novembre, met en lumière l’effondrement de la police des polices. Chiffres inédits à l’appui, le document démontre que le taux d’élucidation des violences policières a chuté de 25 % en huit ans alors que le nombre d’affaires est en augmentation.
Par Maxime Sirvins
13-Novembre : « On a focalisé le procès sur la question de la religion »
Entretien 13 novembre 2025 abonné·es

13-Novembre : « On a focalisé le procès sur la question de la religion »

Les audiences avaient duré dix mois et réuni une centaine de parties civiles. En septembre 2021, vingt accusés comparaissaient devant la cour d’assises spéciale de Paris dans le procès des attentats du 13 novembre 2015. Maître de conférences en science politique, Antoine Mégie a mené, avec trois coautrices, une enquête au long cours sur le procès.
Par Olivier Doubre
Déportation de Salah Hammouri : la compagnie aérienne El Al visée pour complicité dans une plainte
Justice 11 novembre 2025 abonné·es

Déportation de Salah Hammouri : la compagnie aérienne El Al visée pour complicité dans une plainte

L’avocat franco-palestinien a déposé plainte pour crimes de déportation, persécution et ségrégation. Parmi les mis en cause, la compagnie aérienne israélienne ayant procédé à sa déportation en décembre 2022.
Par Pauline Migevant
Alix*, blessée à Sainte-Soline : « Les gendarmes ont eu la permission de tuer »
Entretien 6 novembre 2025

Alix*, blessée à Sainte-Soline : « Les gendarmes ont eu la permission de tuer »

Elle a été blessée gravement lors de la manifestation contre les mégabassines, en mars 2023 et déposé plainte. Pour Alix*, les révélations de Mediapart et Libération démontrent le caractère institutionnel de la violence au sein de la gendarmerie.
Par Pierre Jequier-Zalc